First Aid Kit : cet été, Culture 31 dresse la liste des albums qui peuvent sauver une vie, à placer dans une trousse de voyage entre l’écran total, le sérum anti-venin et l’Alka-Seltzer.
Neuvième album de Serge Gainsbourg publié en 1969, Jane Birkin – Serge Gainbourg pourrait être un greatest hits, tant ses titres appartiennent au patrimoine national.
Je t’aime… moi non plus, L’anamour, Sous le soleil exactement ou Elisa en sont tous issus.
C’est aussi le premier opus, mêlant inédits et reprises, qu’il conçoit pour Jane Birkin, rencontrée quelques mois plus tôt sur le tournage de Slogan.
Auteur-compositeur incontournable, Gainsbourg s’est toujours rêvé artiste-peintre, et c’est en tant que tel qu’il construit son œuvre.
Par touches légères, successives, Serge et Jane esquissent les différents états d’Eros portés par une basse lascive, avec une liberté de ton que notre époque ne permettrait plus.
Puis Gainsbourg projette sur sa toile son encre noire : un goût de la tragédie ultime, qu’il fait chanter à Birkin dans Le Canari Sur Le Balcon (récit du suicide d’une jeune fille), ou Jane B (évocation de son propre assassinat), révélant, au-delà de la provocation facile des Sucettes, ce qu’est vraiment la perversion.
L’album se clôt sur la plus grande chanson française jamais écrite, peut-être la plus grande chanson tout court, sublimement arrangée par Michel Colombier : Manon.
Sur un lit de cordes, Gainsbourg déroule le monologue d’un homme détraqué par l’amour, dans ce sprechgesang qui deviendra la marque de fabrique de Gainsbarre, et tout en vous tremble.
Ultime, comme un monochrome de Pierre Soulage.
Eva Kristina Mindszenti
Je t’aime… moi non plus
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69 année érotique
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Manon
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