Grand froid, un film de Gérard Pautonnier
Pour son premier long, ce réalisateur adapte le roman de Joël Egloff paru en 1999 sous le titre Edmond Ganglion & Fils. Transposant cette histoire rocambolesque en hiver, en lieu et place de l’été caniculaire original, il nous parle d’une petite entreprise de pompes funèbres sise dans une ville improbable nichée au cœur de nulle part.
Elle est dirigée par Edmond (Olivier Gourmet) avec l’aide de Georges (Jean-Pierre Bacri) et d’un débutant dans le métier, Eddy (Arthur Dupont). Les comptes ne sont pas au beau fixe et vire dans le rouge faute de décès. Enfin, une bonne nouvelle, une veuve et son beau-frère veulent faire convoyer le corps du tout récent disparu, Simon (Féodor Atkine), feu l’époux de ladite veuve, vers un cimetière perdu au bout du monde.
Personne ne discutant les tarifs, l’entreprise peut souffler et s’acquitter au mieux de ce convoyage. Eddy et Georges en sont chargés. Rien bien sûr rien ne va se passer comme prévu. Loin s’en faut ! Et c’est à un véritable road movie initiatique visant en creux le regard sur la vie et la mort de ces deux individus que plusieurs générations séparent qui nous est proposé au travers de situations totalement absurdes, imprégnées d’un humour noir d’encre agréablement jubilatoires. Si Olivier Gourmet est ici un brin en retrait et Jean-Pierre Bacri dans un répertoire bégayant qui a ses fans, c’est clairement Arthur Dupont qui retient l’attention par son regard d’une naïveté confondante et sa gentillesse naturelle. Une superbe et très sensible composition. Décidément l’une des valeurs sûres du cinéma hexagonal.
Robert Pénavayre