Vive la crise, un film de Jean-François Davy
Nous sommes propulsés dans la France de mai 2025. Après le non massif à un référendum sur l’interdiction du tabac en France, Marine Le Pen quitte l’Elysée. Un ministère très important, celui de la Climatisation nationale, emploie jusqu’à ce jour Etienne. Mais aujourd’hui, l’ordinateur vient de cracher une information : Etienne est licencié, sans autre explication. Marié, chargé de famille, Etienne n’ose pas rentrer chez lui et, petit à petit, va se clochardiser. Pour son plus grand bonheur, il va très vite rencontrer un SDF truculent, agrégé de philosophie, qui s’est baptisé Montaigne et qui, derechef, va lui trouver comme surnom La Boétie. Commence alors pour ce brave La Boétie une vie errante, pleine de rencontres nouvelles, de découvertes et surtout, pour ce fonctionnaire modèle, d’un autre art de vivre, certes un art passablement arrosé, mais tout de même. Le secret de Montaigne est d’appliquer à la lettre l’article 1587 du Code Civil, promulgué en 1804 et qui dit la chose suivante : « A l’égard du vin, de l’huile et des autres choses que l’on est dans l’usage de goûter avant d’en faire l’achat, il n’y a point de vente tant que l’acheteur ne les a pas goûtées et agréées ». Inutile de préciser qu’en la matière, Montaigne est extrêmement difficile…
Ce réalisateur, très connu pour ses films en-dessous de la ceinture, voire X, n’est pas ici à son coup d’essai dans un autre genre, celui de la comédie sociale. Aujourd’hui il revisite carrément la célèbre pièce de Luigi Pirandello, Six personnages en quête d’auteur. C’est d’ailleurs Luigi Pirandello lui-même (extraordinaire Venantino Venantini, le dernier des Tontons flingueurs…) qui est le narrateur de ce film, intervenant parfois, à la demande des personnages, sur le cours de l’intrigue.
Cette ode utopique, mais pourquoi pas, à une société plus égalitaire, fraternelle, est portée par une poignée de comédiens en tous points remarquables. Qu’il s’agisse de l’hénaurme Jean-Claude Dreyfus (Montaigne solaire), Jean-Marie Bigard (étonnant de retenue dans La Boétie), Rufus, Michel Aumont (remplaçant Michel Galabru à qui le rôle était dédié…), Lola Marois Bigard (la femme de), Isabelle De Hertog et tous les autres, il y a chez eux un ton de fraîcheur et de réalisme qui nous met en empathie immédiate avec cette joyeuse troupe résolument anarchiste qui résistera crânement à une récupération politique savoureuse.
Entré dans la tête de ce réalisateur/scénariste/producteur il y a pas mal de temps, ce film sort à un moment involontairement mais particulièrement choisi…
Robert Pénavayre
Vive la crise : Réalisateur : Jean-François Davy – avec : Jean-Claude Dreyfus, Jean-Marie Bigard, Lola Marois Bigard, etc.
https://youtu.be/UcO2mB5P8xA
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Jean-François Davy – Sulfureux avez-vous dit ?
Ce parisien né au moment de la Libération, est un drôle de loustic propre à semer le trouble auprès de la critique. A lire les titres de ses premiers films, du moins les plus …présentables, il est aisé de le classer dans la catégorie des pornocrates. Il se revendique ainsi d’ailleurs. Et puis il y en a d’autres, dont celui sous rubrique, qui nous font retrouver, recroiser, un tout autre cinéaste, sensible, humain, doué aussi. Son plaidoyer loufoque mais jouissif dans Vive la crise est une magnifique démonstration de son véritable talent.