Le cycle Grands Interprètes continue sur sa superbe lancée de la saison 2016 – 2017 avec ce concert qui réunit deux Géants du clavier : Martha Argerich et Stephen Kovacevich dans un programme entièrement dédié à la musique pour deux pianos, et ce, de deux compositeurs, Claude Debussy en première partie et Serge Rachmaninov en deuxième. Cela peut être des transcriptions car, ne l’oublions pas, toutes les œuvres symphoniques se devaient alors d’être répandues dans leur écriture pour piano, ou piano à quatre mains, ou deux pianos. Tout le monde ou presque connaît de Debussy, l’œuvre pour orchestre Prélude à l’après-midi d’un faune, ou encore les fameuses Danses symphoniques de Serge Rachmaninov. Peu connaissent les transcriptions pour piano, et c’est donc le moment.
Quelques détails, sans trop, suivent.
Claude Debussy [1862-1918]
Prélude à l’après-midi d’un faune ~ 7 mn
(transcription pour deux pianos par Claude Debussy)
Lindaraja ~ 6 mn
(version originale pour deux pianos)
En Blanc et noir ~ 16 mn
(version originale pour deux pianos)
I – Avec emportement
II – Lent. Sombre
III – Scherzando
entracte ~ 20 mn
Sergueï Rachmaninov [1873-1943]
Danses symphoniques, opus 45b ~ 35 mn
(transcription pour deux pianos par Sergueï Rachmaninov)
I – Non allegro
II – Andante. Tempo di Valse
III – Lento assai / Allegro vivace / Lento assai. Come prima / Allegro vivace
Martha Argerich. C’est une habituée des concerts de Grands Interprètes, et autrefois, des récitals pour le festival Piano aux Jacobins.
La pianiste argentine est comme on dit, une “sacrée bonne femme“ qui a laissé sa vie se faire dévorer par l’amitié d’abord, par l’amour, si cela doit être, et par la musique de façon irrémédiable. On peut imaginer que, jusqu’à la dernière œuvre qu’elle interprètera un jour, le trac sera encore présent, et même une certaine forme d’insatisfaction. Elle a beaucoup joué, un peu partout, alors qu’elle n’aime pas particulièrement voyager. Ses détracteurs diront qu’elle a annulé, pas mal. Elle a décidé x fois d’arrêter de jouer, et elle joue toujours. En récital seule, cela l’intéresse beaucoup moins et de moins en moins, d’où des concerts comme celui-ci avec des amis, et ce soir, un de ses amours avec qui elle a fait un bout de chemin. Le système lui pèse et elle crée alors ses propres projets, plus démocratiques, plus égalitaires, avec des amis qu’elle choisit, des artistes qu’elle prend en charge, qu’elle soutient voulant rendre à tout prix aux autres ce don du ciel qu’elle semble comme refuser. Voilà une tâche immense. Ce tourbillon de vie, cette boule d’énergie captive et fait que ses apparitions en concert sont toujours très suivis, quel qu’en soit la forme.
Née à Buenos Aires, Martha Argerich étudie le piano dès l’âge de cinq ans avec Vincenzo Scaramuzza. Considérée comme une enfant prodige, elle se produit très tôt sur scène.
En 1955, elle se rend en Europe et étudie à Londres, Vienne et en Suisse avec Seidlhofer, Gulda, Magaloff, Madame Lipatti et Stefan Askenase.
En 1957, Martha Argerich remporte les Premiers Prix des concours de Bolzano et de Genève, puis en 1965 le concours Chopin à Varsovie. Dès lors, sa carrière n’est qu’une succession de triomphes.
Si son tempérament la porte vers les œuvres de virtuosité des XIXe et XXe siècles, elle refuse de se considérer comme spécialiste. Son répertoire est très étendu et comprend aussi bien Bach que Bartók, Beethoven, Schumann, Chopin, Liszt, Debussy, Ravel, Franck, Prokofiev, Stravinski, Shostakovitch, Tchaïkovski, Messiaen.
Invitée permanente des plus prestigieux orchestres et festivals d’Europe, du Japon et d’Amérique, elle privilégie aussi la musique de chambre. Elle joue et enregistre régulièrement avec les pianistes Nelson Freire, le violoncelliste Mischa Maisky, le violoniste Gidon Kremer ainsi qu’avec Daniel Barenboim : « Cet accord au sein d’un ensemble est très apaisant pour moi ». Qui n’a jamais entendu parler du Festival de Lugano ? Les archives livrent des réussites impossibles à énumérer, de même que les artistes présents, célèbres déjà ou inconnus. Ici, peu importe la gloire. Chacun semble irradié par le magnétisme de la marraine des lieux.
Sa discographie est considérable, et Martha Argerich collectionne les récompenses pour ses enregistrements. Un grand nombre de ses concerts ont été retransmis par les télévisions du monde entier. Martha Argerich a reçu de nombreuses distinctions
Avec comme objectif d’aider les jeunes, en 1998 elle devient Directeur Artistique du « Beppu Argerich Festival » au Japon.
Stephen Kovacevich
Voilà quelques mots sur celle qui fut son ex-épouse dans la vie : « Martha sera une musicienne toujours plus intéressante : il n’y a aucune limite à son développement. Mon rêve ? Jouer ensemble la Grande fugue de Beethoven, et diriger le Concero n°4 de Beethoven. Elle possède le talent naturel des grands maîtres du passé mais avec un répertoire extrêmement diversifié, abordant beaucoup plus de musique de chambre qu’un Horowitz ou un Rachmaninov par exemple. Elle a un génie “physique“ pour le piano. »
Qu’il n’oublie pas ce qu’elle a pu confier aussi sur ses partenaires : « Je crois que l’interprétation cherche à libérer ce qui est inconscient, c’est ce qui fait les surprises et les choses inattendues durant les concerts. J’apprécie cela aussi en écoutant mes collègues. (…) Ce qui m’attire, c’est de saisir dans le jeu ce qui échappe à la volonté de l’interprète. Peut-être ai-je un côté voyeur, mais c’est ce que j’aime. »
Né à Los Angeles, Stephen Kovacevich fait ses débuts à 11 ans en Californie. A 18 ans il s’installe en Angleterre et travaille avec Dame Myra Hess.
Bien que renommé pour ses interprétations classiques, ses goûts musicaux sont très éclectiques et des compositeurs tels que Rodney Bennett et John Taverner lui ont dédié des concertos, ainsi que l’américain Stephen Montague « Southern Lament » au Cheltenham International Music Festival, aux BBC Proms et au Royal Festival Hall de Londres.
Stephen Kovacevich a été l’invité des plus grands orchestres, tout comme des plus grands chefs, et bien sûr des plus prestigieuses salles de musique classique. Récemment, il a joué les 5 concertos de Beethoven avec le Scottish Chamber Orchestra. Prochainement, il jouera et dirigera l’intégrale des concertos pour piano et symphonies de Beethoven avec les London Mozart Players.
Stephen Kovacevich se consacre aussi à la musique de chambre, comme en témoigne le légendaire enregistrement des sonates pour violoncelle de Beethoven avec Jacqueline Dupré, ainsi que le Bartók avec Martha Argerich. Ses partenaires sont bien sûr à la hauteur de son propre talent.
Stephen Kovacevich pratique aussi la direction d’orchestre. Depuis ses débuts en 1984 à la tête du Houston Symphony, il a dirigé de nombreux orchestres et collabore avec certains régulièrement. Il a été Chef Principal Invité de l’Australian Chamber Orchestra. Sa discographie est aussi très conséquente.
Dernière venue le 9 avril 2013 en récital – Bach / Beethoven / Brahms / Schubert
Michel Grialou
Les Grands Interprètes
Martha Argerich et Stephen Kovacevich
lundi 24 avril 2017 à 20h00
Halle aux Grains
Mécénat / Partenariats
Nathalie Coffignal
ncoffignal@grandsinterpretes.com
Tel : 05 61 21 09 61