Les Figures de l’ombre, un film de Theodore Melfi
Début des années 60 du siècle dernier, dans une Amérique en proie à ses démons ségrégationnistes, les USA sont frappés de plein fouet par le premier vol spatial du russe Youri Gagarine. Ce qui deviendra la NASA planche sur un projet identique mais a du mal à régler certains problèmes. Leurs équipes sont compétentes, mais éclatées en deux. D’un côté des hommes blancs, propres sur eux, de l’autre, dans un improbable immeuble loin de tout, une équipe de mathématiciennes…noires.
Elles ont pour simple mission de vérifier les calculs des blancs. Sauf que les blancs en question pédalent comme des malheureux à la recherche de solutions et d’équations qui permettront au premier américain envoyé dans l’espace…de revenir ! Ils ont à leur disposition un gigantesque ordinateur à cartes, un IBM, dont ils ne savent pas se servir. Devant leurs yeux incrédules, trois mathématiciennes afro-américaines vont leur apporter la solution. Mais pour ce faire, paradoxalement, elles vont devoir se battre et enfoncer des préjugés racistes bien ancrés dans une société délétère. Elles se nomment Katherine Johnson (née en 1918), Dorothy Vaughan (1910-2008) et Mary Jackson (1921-2005). Devant l’urgence de leur collaboration directe, Al Harrison, directeur du programme spatial, va les imposer à ses équipes de recherche. Il n’y a rien de plus vrai. Cette collaboration permettra non seulement le premier vol orbital habité par un Américain, John Glenn (décédé en 2016 à l’âge de 95 ans !), le 20 février 1962, mais surtout son retour. Le film de Theodore Melfi, son premier distribué en France, retrace donc les quelques mois qui précèdent le lancement de la Mission Friendship 7 incluse dans le fameux programme Mercury.
Cette réalisation se veut avant tout pédagogique, presque documentaire et donc, le moins que l’on puisse dire, est qu’elle est formidablement documentée. Mais pas seulement. Elle trace bien les contours, hallucinants aujourd’hui, de l’apartheid insoutenable dont étaient alors victimes les gens de couleurs aux USA. Cet apartheid n’était pas que physique, il incluait également l’accès aux grandes écoles et dire qu’il était profondément machiste relève de l’euphémisme. Certaines scènes donnent ici envie de hurler… Tout cela est-il bien fini ?
Pas de grandes stars au casting, mais des comédiennes hyper-engagées et parfaitement crédibles dans leur personnage : Taraji P. Henson, Octavia Spencer et Janelle Monàe. Sans oublier Kevin Costner dans le rôle d’Al Harrison.
Un film utile, nécessaire, indispensable, un vrai devoir de mémoire et de justice, qui plus est dans un tempo américain qui fait aujourd’hui frémir.
Robert Pénavayre
Les Figures de l’ombre, Avec : Taraji P. Henson, Octavia Spencer, Janelle Monàe, Kevin Costner… (Durée : 2h 06)
Kevin Costner – Vraie carrière, vraie galère
Ce californien, né il y a 62 ans, acteur, producteur et réalisateur d’origine allemande, irlandaise et …cherokee, se destine d’abord au marketing. Une improbable rencontre avec Richard Burton, dans un aéroport, lui fait prendre la route pour Hollywood. Malgré un début difficile dans le 7ème art, le travail ne lui manque pas, surtout après son rôle d’Eliot Ness dans Les Incorruptibles de Brian de Palma en 1997. Mais son parcours demeure, encore aujourd’hui, très chaotique. Son plus grand titre de gloire est incontestablement et paradoxalement sa première réalisation : Danse avec les loups en 1990, un film pour lequel il ne remporte pas moins de 7 Oscars ! Un triomphe sans lendemains…