The Lost City Of Z, un film de James Gray
Incroyable mais vrai, James Gray se lance ici dans l’aventure. Mais ce serait mal connaître ce cinéaste que de l’imaginer dans un énième épisode d’Indiana Jones. D’autant qu’il filme ici l’adaptation d’un livre autobiographique concernant un véritable explorateur britannique : Percy Harrison Fawcett (1867-1925). Celui-ci, éminent topographe et militaire de carrière, reçoit la mission d’aller délimiter les frontières entre le Brésil et la Bolivie en plein cœur de la forêt amazonienne. Ses expéditions seront interrompues par la guerre de 14/18 mais reprendront aussitôt après. En fait il y en aura huit au total.
Le film nous en présente trois dont l’ultime en 1925, date à laquelle il disparut avec son fils aîné et son adjoint. En fait, lors de sa première expédition, et à la suite de différentes lectures ainsi que de nombreuses découvertes, Fawcett se persuade qu’il existe une cité ayant échappé au déluge et donc descendante de l’Atlantide. Lorsqu’il raconte tout cela aux membres les plus éminents de la communauté scientifique britannique, il est accueilli par des éclats de rire. Qu’à cela ne tienne, malgré les dangers de toutes sortes déjà affrontés, serpents, piranhas, cannibales et autres joyeusetés, il repartira à plusieurs reprises, de plus en plus convaincu de l’existence d’une cité perdue, genre Eldorado. Non pour la richesse qu’elle constitue mais par la formidable avancée scientifique qu’elle signifierait.
A la suite de ses carnets de voyage, dont son ami Sir Arthur Conan Doyle a tiré son roman Le Monde perdu, une légende s’est vite installée autour de ce personnage qui n’hésita pas à laisser tomber sa famille pour vivre une passion hallucinatoire. C’est le dernier et monumental opus de James Gray. Tourné en Colombie dans des conditions extrêmes, ce film est la plongée dans une obsession : la découverte d’une civilisation perdue. James Gray explique, ou tente d’expliquer le pourquoi de cette obsession. Fawcett est en recherche de reconnaissance de la part de ses pairs car son père, trop connu pour ses excès, fait de l’ombre à sa carrière. La découverte de ladite cité le projetterait au sommet d’une gloire que personne ne pourrait lui contester. Il y a peut-être aussi la recherche d’un idéal que la société de ce début du XXème siècle lui refuse, un idéal de paix, un idéal de savoir, un idéal mystique mais aussi un idéal de vie proche de la Nature. Visuellement, sous l’œil du chef op Darius Khondji, ce film est d’une beauté à couper le souffle. La direction d’acteur est au diapason, précise et signifiante, magistrale aussi. Dans le rôle de Fawcett, Charlie Hunnam est superlatif de densité, tout comme un surprenant Robert Pattinson dans celui de son adjoint, ici méconnaissable ! Un film qui va directement à l’essentiel d’une quête, celle d’un homme vivant et libre.
Robert Pénavayre
The Lost City Of Z : Réalisation : James Gray – Avec : Charlie Hunnam, Robert Pattinson, Sienna Miller, etc.
James Gray – Dès son plus jeune âge : Apocalypse Now !
Ce natif du Queens new-yorkais visionne Apocalypse Now alors qu’il a à peine 10 ans ! Etait-ce bien raisonnable ? En tout état de cause, ce film va le marquer puisqu’il abandonnera la peinture pour se consacrer plus tard au 7ème art. Il ne va pas tarder à s’y faire reconnaître. Le triomphe en 1994, alors qu’il fête son 25ème anniversaire, de Little Odessa, en est la preuve ! Son deuxième long, The Yards, est sélectionné à Cannes en 2000. Admiré par Claude Chabrol, excusez du peu, son cinéma ne fait cependant pas l’unanimité. Les producteurs sont particulièrement inquiets de la noirceur de ses sujets. Il devra attendre sept années pour présenter La nuit nous appartient. Quelques temps après ce sera le tour de Two lovers, un film en lice pour la Palme d’or cannoise…en vain. Le sort de The Immigrants en 2013 sera identique. Pour son dernier opus, sous rubrique, James Gray s’aventure dans un autre domaine cinématographique et abandonne au passage son comédien fétiche : Joaquin Phoenix.