Sage femme, un film de Martin Provost
En écrivant et en réalisant son dernier opus, Martin Provost rend un hommage non dissimulé à un métier de l’ombre, celui des sages-femmes. Il le fait au travers d’un portrait singulier, celui de Claire, qui aurait pu être cette sage-femme qui, il y a 59 ans, lui a sauvé la vie en lui donnant son propre sang à sa naissance.
Pour l’heure, Claire se consacre à son métier, corps et âme, essayant tant bien que mal d’élever en solo son grand ado de fiston. Alors que la maternité dans laquelle elle passe le plus clair de son temps est sur le point de fermer, voici qu’elle est contactée par Béatrice, une ancienne maîtresse de son père, décédé depuis longtemps. Leur rencontre est pour le moins houleuse. En fait, or les griefs personnels que peut lui reprocher Claire, Béatrice boit…trop, fume…trop, joue aux cartes et mène une vie sentimentale un rien débridée… En bref, l’antithèse de Claire. Sauf que voilà, Béatrice est condamnée. Petit à petit cette parabole de La Cigale et de La Fourmi va nous faire croiser des chemins inattendus car, lorsqu’on est bon de nature, mieux vaut ne pas essayer d’aller contre son tempérament. Martin Provost aime avant tout les actrices, mais pas n’importe lesquelles, sa filmographie le prouve. Il a déjà eu devant sa caméra Emmanuelle Devos, Sandrine Kiberlain, Yolande Moreau, Carmen Maura, etc. Il ajoute cette fois à ce « palmarès » rien moins que l’icône du cinéma hexagonal : Catherine Deneuve (Béatrice), et l’une des plus évidentes comédiennes du cinéma français : Catherine Frot (Claire). La glace et le feu, me direz-vous ? D’accord mais alors à vous d’attribuer les rôles ! Ce duo aussi improbable qu’explosif est l’une des plus belles rencontres cinématographiques de cette jeune année 2017.
Robert Pénavayre