À la Halle aux Grains, Christian Zacharias interprète un concerto de Mozart avec l’Orchestre national du Capitole de Toulouse et dirige des œuvres de Schubert.
Après avoir interprété à la Halle aux Grains le Cinquième concerto de Beethoven, en ouverture de saison sous la direction de Tugan Sokhiev, Christian Zacharias prend cette fois la baguette lors d’un second concert cette saison avec l’Orchestre national du Capitole de Toulouse. Né en 1950, ce pianiste allemand très réputé a entrepris depuis vingt-cinq ans une carrière de chef d’orchestre, et a notamment enregistré l’intégrale des concertos de Mozart avec l’Orchestre de chambre de Lausanne. Il a choisi de livrer à la Halle aux Grains sa version du Dix-septième concerto de Wolfgang Amadeus Mozart, qu’il dirigera du clavier. Composé en 1784, c’est l’un des rares qu’il n’a pas écrit pour lui-même. Il fut en effet créé la même année par la dédicataire, Barbara Ployer, une élève du musicien alors âgé de 28 ans – il lui avait également dédié son Quatorzième concerto pour clavier. Trop méconnue, cette pièce gracieuse et lumineuse est dotée d’une partie de piano virtuose et d’un Andante d’une grande délicatesse, où la flûte, le hautbois et le basson entame un dialogue d’une pure beauté. On attend avec impatience l’interprétation de Christian Zacharias, pianiste dont le style simple et délicat fait toujours merveille dans le langage classique.
Le concert débutera par des extraits de la musique de scène de « Rosamunde », page en dix parties écrites par Franz Schubert en 1823 pour une pièce de théâtre de Helmina von Chézy. Elle est constituée de trois musiques d’entracte, deux musiques de ballet, une romance pour soprano, un sextuor pour clarinettes, bassons et cors (mélodies des bergers), et trois chœurs. La soirée s’achèvera avec la Symphonie « Inachevée » du compositeur autrichien. Découverte après la mort de Schubert, l’écriture de cette partition avait débuté en 1822, au moment où fut achevée la « Wanderer-Fantaisie » pour piano. Âgé de 25 ans, le compositeur était alors souffrant et commençait à s’émanciper de ses maîtres, Mozart et Beethoven. Durant cette période, il avait entrepris plusieurs projets d’écriture qu’il n’achèvera pas. La huitième Symphonie en si mineur – ou septième selon une numérotation récente – ne comporte que les deux premiers mouvements d’une symphonie, Schubert ayant également esquissé un scherzo. C’est une page très dramatique qui avance dans une retenue et une tension permanente. Certains musicologues estiment que le premier entracte de « Rosamunde », également en si mineur, pourrait être originellement le final de la symphonie puisque l’instrumentation et les climats musicaux sont similaires – le compositeur aurait ainsi puisé dans la symphonie pour sa musique de scène.
Jérôme Gac
Concerto n°17 de Mozart,
« Rosamunde » et
« Symphonie n°8 « Inachevée »
de Schubert,
par Christian Zacharias (piano & dir.),
samedi 25 mars, 20h00,
à la Halle aux Grains,
place Dupuy, Toulouse.
Tél. : 05 61 63 13 13.
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C. Zacharias © C. Gremiot