Chaque mercredi, nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir un film américain passé inaperçu lors de sa sortie.
Maître de l’horreur et du fantastique, Wes Craven (1939-2015) fit ses débuts avec deux films – La Dernière maison sur la gauche en 1972, La Colline a des yeux en 1977 – qui deviendront cultes et donc objets de remakes ainsi que de copies. Il lui faudra attendre 1984 et Les Griffes de la nuit pour signer une autre œuvre marquante couronnée d’un succès inattendu au box-office. De nombreuses suites (dont une réalisée par Craven lui-même) prolongeront les aventures du terrifiant Freddy Kruger avant que le cinéaste revisite brillamment le « slasher movie » en 1996 avec Scream et ses trois suites. Au-delà de ces films célèbres, on trouve aussi dans la filmographie de Wes Craven des curiosités comme le mélodrame La Musique de mon cœur ou le thriller Red Eye sorti en 2005 sans émouvoir les foules.
Ici, entre les volets III et IV de la saga Scream, le réalisateur s’offre une respiration, mais une respiration qui prend le spectateur à la gorge. Une jeune femme, Lisa Reisert, responsable d’un grand hôtel de Miami, s’apprête à quitter Dallas où elle vient d’assister aux obsèques de sa grand-mère. À l’aéroport, où les vols sont retardés, elle sympathise avec un jeune homme prévenant et beau garçon. La vie étant parfois bien faite, elle le retrouve comme voisin dans l’avion la ramenant chez elle. Sauf que l’inconnu n’est pas là par hasard…
Relevant le défi de situer la moitié du film dans un huis-clos assez inattendu (quelques rangées de sièges d’un avion, décor encore plus claustrophobe et épuré que les pérégrinations de l’héroïne de Flight Plan de Robert Schwentke – autre thriller « aérien »), la mise en scène de Wes Craven impressionne par sa formidable économie de moyens. Le face à face entre les deux personnages réserve son lot de surprises avant que, dans sa seconde partie, Red Eye renoue avec les codes de l’affrontement entre un tueur et sa victime annoncée. Dans le rôle de Jack Rippner, le magnétique Cillian Murphy (vu notamment dans Batman Begins de Christopher Nolan) évoque un cousin de Patrick Bateman échappé d’American Psycho tandis que Rachel McAdams (qui n’était pas encore la star que l’on connaît) démontre des ressources physiques insoupçonnées. Mené tambour battant, cet exercice de style se révèle un divertissement jubilatoire. Bon vol et attachez vos ceintures…