Odyssud accueille Philippe Katerine à l’occasion de la tournée de son album « Le Film ». Un show doux-dingue et minimaliste… à l’image de cette interview.
– Vous qui aimez travailler, créer en solitaire, dans l’intimité, comment vivez-vous la scène, les tournées, la promo de votre album ?
Katerine : « Très bien ! La scène c’est vachement bien. D’ailleurs, comme je n’en avais pas fait pour le dernier disque, j’en avais un réel désir. Dans cette tournée, je chante avec la pianiste classique Dana Ciocarlie. Je n’avais jamais chanté en duo avec une pianiste, ni même UN pianiste. C’est une nouvelle formule pour moi. Ca me plait de chanter toutes ces nouvelles chansons – et même les anciennes d’ailleurs – que je redécouvre complètement par cette forme de duo piano/voix. »
– Vos collaborations évoluent au gré de rencontres avec des musiciens singuliers tels que les Little Rabbits, Gonzalès, la chorégraphe Mathilde Monnier ou les cinéastes Arnaud et Jean-Marie Larrieu mais aussi avec des artistes plus « grand public » comme Christophe Willem ou Julien Doré. Ces différentes collaborations se nourrissent-elles les unes les autres ?
« Je ne vois aucune différence entre ces personnes. Si bien sûr humainement, toutes sont différentes mais la question de leur notoriété, ça ne signifie rien pour moi. D’ailleurs je n’ai aucune idée si tel ou tel artiste est connu du « grand public ». Ca m’est complètement indifférent. »
– Mais qu’aimiez-vous par exemple chez les Little Rabbits au sujet desquels vous aviez déclaré qu’ils étaient le plus grand groupe de rock au monde ?
« C’était un groupe extrêmement sexy ! C’est ce que j’attends d’un groupe de rock : qu’il soit sexy. Comme The Shoes par exemple, très sexy the Shoes… (sourires) C’est un élément important dans la pop music, non ? »
– Où puisez-vous les sujets de vos chansons ?
« Pas sous le sabot d’un cheval, c’est sûr. Je ne ramasse pas en fait, ça tombe. Je ne prévois absolument rien. C’est vrai que récemment j’ai écrit des chansons à thème : la botanique, la prime enfance, la religion… Disons que les thèmes s’imposent aux chansons et les chansons s’imposent à moi. »
– Vous avez ce don de transformer la trivialité du quotidien en poésie…
« Je ne le fais pas exprès… Mais c’est vrai que le quotidien me motive beaucoup. Par exemple, si vous regardez un frigo de très près, tout à coup cela devient… extraordinaire… Ou un fruit. Prenez une orange. C’est un fruit banal, de tous les jours… vous l’ouvrez, vous regardez à l’intérieur en très très gros plan… Et hop, cela devient du cinéma fantastique ! Vous êtes aussitôt chez Jules Verne… chez Méliès. »
– Vous avez composé, joué et réalisé pour le cinéma, vous dessinez, vous peignez.… Quel rapport entretenez-vous avec l’image ?
« J’ai commencé dans l’image avant la musique : par le dessin. Et cet art continue de me passionner toujours énormément. Le cinéma, lui, me provoque, me stimule. Tout ce qui a trait à l’image m’intéresse au plus haut point. Tout est lié de toute façon, un musicien qui ne s’intéresse pas à l’image, c’est comme quelqu’un qui s’ampute. »
– Le clip de « Compliqué » extrait de votre nouvel album est cauchemardesque… Quelles sont les sources d’inspiration de telles visions ?
« Oui c’est un clip horrible ! (rires) Il est sorti tout droit de mes fantasmes personnels. Je peux affirmer que toute ma vie est dans cette vidéo ! La face la plus noire, la plus cachée, évidemment. (rires) Mais on est tous très compliqués non ? L’humain est compliqué… »
propos recueillis par Sarah Authesserre
Katerine, le film
Mardi 22 novembre, 20h30
Odyssud (4, avenue du parc, Blagnac, 05 61 71 75 15, www.odyssud.com)
Katerine © Eric Garault