Tu ne tueras point, un film de Mel Gibson
Si vous ne connaissez pas Desmond Doss (1919-2006), ce qui était mon cas, allez voir ce film et partez à la rencontre d’un héros de guerre…pacifiste !
Même si l’on peut porter un regard nuancé sur Mel Gibson, force est de reconnaître la puissance de son dernier opus. En fait il s’agit d’un authentique biopic concernant ce jeune américain, Desmond Doss, adventiste du 7ème jour qui, en 1942, s’engage dans l’armée. Il est objecteur de conscience et refuse donc de porter les armes. Malgré les tentatives aussi basses que brutales pour le faire démissionner, l’armée sera obligée de l’intégrer comme infirmier. Desmond part donc au cœur du Second Conflit Mondial en 1942, et plus particulièrement dans le sanglant champ de manœuvre de la Guerre du Pacifique. Là, armé de son seul courage, d’une foi indicible dans sa mission et de sa trousse à médicaments, alors que les forces armées se replient devant les Japonais, il reste au milieu de la mitraille, parfois à quelques mètres de l’ennemi, pour venir en aide aux soldats blessés. Il sauvera ainsi près d’une centaine de ses compatriotes ! Il viendra même en aide à deux Japonais ! Grièvement blessé lui-même, il sera évacué. A la fin du conflit, le Président Truman remettra à celui que l’armée ne voulait pas, la plus haute distinction militaire des Etats Unis : la Médaille d’Honneur.
Si le début du film, expliquant l’enfance difficile de Desmond, un père alcoolo qui le battait souvent, suivi d’une bluette à deux balles, n’offre comme seul intérêt que de vaguement cerner l’origine de l’ancrage religieux de Desmond, la suite est tout autre. Dès la préparation militaire, la volonté inébranlable de Desmond quant au respect du 6ème Commandement transmis par Dieu à Moïse au sommet du Sinaï : « Tu ne tueras point », dévoile la forte personnalité du jeune homme. Sa lutte même contre l’administration militaire est de l’héroïsme pur. Sur les champs de bataille un personnage hors du commun se dessine finalement. C’est un véritable héros prêt à donner sa vie pour sauver celle des autres. Comment montrer pareil engagement sans faire étalage de violence ? Pour le coup, il faut reconnaître au moins deux choses. Un, Mel Gibson n’a pas lésiné sur le carnage, sans faire la moindre économie… Deux, il a su le faire avec une virtuosité incroyable en termes d’impact visuel et dramatique. Dans le rôle de Desmond, Andrew Garfield dévoile un talent d’une ampleur…inattendue. Âme sensible s’abstenir certes, mais ouvrir les yeux sur les horreurs de la guerre…
Robert Pénavayre
Andrew Garfield – Le tournant d’une carrière
Bien que natif de Californie, c’est à Londres, où ses parents s’installent alors qu’il a 3 ans, que le fils de ce couple américano-anglais va faire ses études théâtrales. Il a 20 ans à peine lorsqu’il commence à engranger le fruit d’un talent naissant autant sur scène que pour la petite lucarne (Docteur Who). En 2007, il a 24 ans, Robert Redford le distribue aux côtés de Tom Cruise.
La profession commence à s’intéresser à cette grande bringue d’1,80m. Mais Andrew devra attendre le film de David Fincher (Social Network) pour que les caméras du monde entier se braquent sur lui. Il devient alors une star dont le statut va être confirmé par ses deux apparitions dans Spider man (2012 et 2014). Mel Gibson vient de lui offrir le plus beau rôle de sa jeune carrière (voir le film sous rubrique) en même temps que Martin Scorsese l’embauchait pour Silence (sortie dans quelques mois). Andrew est devenu incontournable !
Tu ne tueras point
Réalisation : Mel Gibson
Avec : Andrew Garfield, Vince Vaughn, Teresa Palmer…
Durée : 2h11
Genre : drame, biopic