« Interroger, restaurer et porter loin la ville de Toulouse » : tels sont les objectifs que se sont fixés Philippe Guionie, directeur artistique de la première édition de la Résidence 1+2 et les trois photographes Diana Lui, Alice Lévêque et Lea Patrix. La Résidence 1+2 c’est la combinaison d’une exposition photo au Musée d’art moderne et contemporain Les Abattoirs, d’un colloque et de rencontres.
Il y a un an maintenant, l’historien et photographe Philippe Guionie établit un double constat. D’une part, il existe habituellement une forme de solitude dans la création, à laquelle on peut remédier. D’autre part, il remarque un certain manque à Toulouse : la ville ne parvient pas à exister dans « la photographie qui donne à voir ou photographie d’auteur ».
Le dessein progresse alors pour redonner à la photo une place majeure, dans la proposition culturelle toulousaine. Le 10 octobre 2015, Philippe Guionie convoque une dizaine de directeurs artistiques lors d’un colloque organisé à Toulouse pour réfléchir à une dynamique de redécouverte des patrimoines toulousains tels qu’ils soient : « Il fallait que Toulouse accepte en quelque sorte de s’abandonner dans le regard des autres ». Le programme de résidence débute à ce moment-là.
Pluridisciplinarité, transversalité « recherchées et revendiquées »
La Résidence 1+2 opte alors pour un format inédit : convoquer trois photographes aux mois de janvier et février, un photographe de renom et deux plus jeunes pour voir et vivre les territoires autrement. A mi-chemin entre la création sur le territoire et le remède à la solitude, Philippe Guionie décide d’apporter une attention toute particulière au groupe formé par les trois artistes. La résidence constitue finalement un projet tremplin qui réunit la photographie, l’illustration, l’architecture, le cinéma, l’urbanisme, les sciences et bien d’autres disciplines encore. Les supports sont eux aussi démultipliés pour proposer une synthèse de cette résidence en une exposition, un film réalisé par Marjorie Calle et Augustin Charnet pour la création musicale originale (le teaser du film) et enfin une collection de trois ouvrages. La collection « Toulouse » (Filigranes Editions) fera d’ailleurs l’objet d’une présentation et d’une signature, vendredi 11 novembre à 15h à Paris Photo (au Grand Palais).
3 photographes : Diana Lui, Alice Lévêque et Lea Patrix
3 villes : Paris, Toulouse, Bruxelles
3 supports : une exposition, un film, une collection de trois ouvrages
Diana Lui et « Les étoiles de Diana »
Elle est la première invitée de cette Résidence 1+2 et c’est aussi sa première résidence en France. « Les étoiles de Diana » évoque la découverte ou la redécouverte du patrimoine toulousain. Elle a donc parcouru les Archives municipales de Toulouse, l’Observatoire de Jolimont, la Basilique Saint-Sernin ou bien encore le Cloître des Jacobins, munie de sa chambre photographique grand format. Ses portraits ainsi présentés semblent comme silencieux et intemporels à la fois.
Diana Lui a été pour le moins charmée par Toulouse : « J’ai été étonnée par la synergie de cette ville. Nous avons travaillé tous ensemble pour un projet à la fois visionnaire et original mais aussi difficile à cerner. Il fallait ouvrir les portes pour accéder à ce magnifique patrimoine toulousain. C’était au-delà de la résidence : une des plus belles expériences de ma vie. C’était si riche… ».
Alice Lévêque avec « Turbulence » et « Léna + Lea » de Lea Patrix
Philippe Guionie avoue avoir toujours eu « un œil bienveillant » sur le travail d’Alice Lévêque qui fut d’ailleurs l’une de ses anciennes élèves à l’Ecole de formation de la photographie et du multimédia de Toulouse. Alice Lévêque travaille sur les thèmes de la mode, du mouvement et des effets de la matière. « Turbulence » est avant tout « une histoire de rencontres, d’instincts, de lâcher prise », selon elle.
Dans « Léna + Lea », Lea Patrix s’est quant à elle introduit dans la vie de Léna pour « goûter la vie à Toulouse ». Dans le cadre de ce projet, des liens se sont alors crées entre les deux jeunes filles, à tel point que la photographe a su « effacer l’appareil » qu’elle portait autour du coup en permanence. L’exposition est alors une sorte de dialogue intime.
Illustrations d’Adrien Denis-Pasquier
Trois femmes photographes en immersion dans Toulouse
Toutes trois ont travaillé sur l’identité féminine et la femme moderne. Philippe Guionie souhaitait donc réellement les réunir pour cette première édition de la résidence. Mais selon lui, « Il ne faut surtout pas y voir une théorisation du propos. L’année prochaine, nous allons réunir une femme et deux hommes. Je n’ai donc été motivé cette année que par des raisons humaines et photographiques ».
Marjorie Lafon
Exposition
Du 04 au 27 novembre 2016
Les Abattoirs FRAC Midi-Pyrénées
76 allées Charles de Fitte