Une drôle d’exposition a lieu en ce moment même en plein centre de Toulouse, au cœur du couvent des Jacobins. Cette expérience pour le moins curieuse est l’oeuvre d’un artiste belge, Hans Op de Beeck, qui vient ajouter son grain de sable au Printemps de Septembre. Et pour cause, la salle d’exposition principale est désormais remplie de sable, plongeant le spectateur dans un décor quasi-saharien. Bienvenue au cœur du « Jardin des Murmures ».
Avant toute chose, ce projet est une exposition immersive, et tout l’intérêt de cet ensablement réside là. En effet, non seulement surpris de découvrir une salle centrale de notre patrimoine ensevelie sous plusieurs dizaines de tonnes de sable, elle fait appel alors à la quasi-totalité des sens dont nous disposons. Alors, le mélange d’encens, de vue sableuse et de murmures (des hauts-parleurs étant cachés sous le sable, permettant de diffuser, tous les trois ou quatre mètres, des murmures inquiétantes) vous plonge irrémédiablement dans une atmosphères des plus surprenantes. Il ne vous restera là qu’à avancer au travers du chemin de bois afin de sillonner au travers des dunes et des chuchotements; croisant au détour des virages quelques campements de genre nord-sahariens, laissant à la fois présager une présence et une absence, le feu étant encore allumé:
L’objectif de cette exposition, au delà de l’authenticité, de la singularité et de l’étonnement provoqué, est sans doute de permettre aux « voyageurs d’un temps » de se projeter à la fois vers l’ailleurs, dans des contes et histoires orientales d’une autre époque, et à la fois vers eux-mêmes, facilitant la méditation. Stimulant l’émotion, mettant le spectateur en situation, l’introspection n’en est que facilitée et la traversée du réfectoire devient alors un long chemin vers nous-même. Comme le dit le studio de l’artiste:
En invitant le spectateur à se reconnaître et se projeter dans l’image, Hans Op de Beeck cherche à le rassurer et le réconforter.
Une scénographie qui vaut le coup d’oeil, car source d’une expérience insolite. Elle témoigne par ailleurs de ce que l’artiste belge a l’habitude de proposer, ayant façonner d’autres mises en scène comme la contemplation d’un univers désert et enneigé. Toutefois, « Le Jardin des Murmures » semble doublement efficace, car il prend place dans le Couvent des Jacobins, qui inspire déjà à lui-seul l’intimité, le voyage temporel et l’appel aux sens. Là, dans une transition quasi-inexistante (renforçant l’étonnement), nous passons d’un univers à un autre dans un choc thermique propice à l’évasion, comme le couvent nous propose de s’évader un moment du centre toulousain.
Cette exposition se prolonge jusqu’au 27 Novembre dans le cadre du Printemps de Septembre, tous les renseignements sont disponibles sur le site des Jacobins.
*Les deux images de l’exposition sont tirées du site Internet des Jacobins.