Festival très décalé de la Cinémathèque de Toulouse, Extrême Cinéma invite notamment le cinéaste américain Frank Henenlotter.
Depuis près de vingt ans, Extrême Cinéma navigue en eaux troubles, aux marges de l’histoire officielle du septième art. Enfant terrible de la Cinémathèque de Toulouse, ce festival insolite se veut infréquentable, s’employant à dénicher les films maudits du patrimoine cinématographique, sans toutefois laisser de côté les classiques les plus atypiques. Flirtant souvent avec un mauvais goût fièrement assumé, Extrême Cinéma se plait ainsi à railler les normes établies à travers des rétrospectives et des rencontres, une longue nuit de clôture et des séances spéciales ou jeune public.
Pour sa 18e édition, « Extrême Cinéma invite les arts graphiques et la musique à festoyer avec une sélection d’une trentaine de films. Deux expositions et un concert montés avec l’aide précieuse du Collectif Indélébile, l’association Finger In Ze Noise, les Pavillons Sauvages et le collectif IPN. Tout ceci hors les murs. Juste parce qu’il nous semble que ces propositions participent d’une même culture frondeuse et indépendante », assurent les programmateurs. Un ciné-concert est annoncé pour l’ouverture du festival avec la projection de « Point ne tueras » (High Treason), film muet réalisé en 1929 par Maurice Elvey et découvert en 1960 par la Cinémathèque de Toulouse. Œuvre rare d’une étonnante modernité tant par son discours pacifiste que par son esthétique, ce récit d’anticipation situé en 1995 sera accompagné par le groupe toulousain Bewitched. Interdite aux moins de dix-huit ans, la traditionnelle nuit de clôture débitera huit heures de projection avec des longs et des courts, des bandes-annonces, un ciné-concert assuré par Brame et quelques surprises…
Parmi les invités, on attend cette année la visite des réalisateurs Éric Valette et Gabe Bartalos, de l’auteur et dessinateur de bandes dessinées – condamné pour obscénités aux États-Unis – Mike Diana, de l’acteur et producteur Anthony Sneed, de l’acteur et écrivain Mike Hunchback, et de Manon Labry, auteure du livre « Riot Grrrls: chronique d’une révolution punk féministe ». Le cinéaste Frank Henenlotter (photo) présentera ses six films, la plupart devenues cultes, tournés entre 1982 et 2015. Entre horreur et comédie, cette œuvre constitue un portrait libre et décalé d’une l’Amérique invisible peuplée de marginaux, cinglés, proscrits et autres clandestins d’une société trop normée.
«Peu importe si je n’avais pas d’argent pour faire « Basket Case » (« Frères de sang, 1982 ») ou 1 500 000 dollars pour faire « Frankenhooker » (1990). Les deux ont été éreintants, c’est un travail tellement difficile. Cela reste des films à petit budget, même avec 1 500 000 dollars, et vous devez toujours trouver des solutions pour chaque prise, vous ne pouvez pas être fatigué, vous devez réfléchir tout le temps, résoudre chaque problème qui apparaît. Sur « Chasing Banksy » (2015), pour des raisons que j’ignore, cela a été très fluide tout comme pour « Bad Biology » (« Sex addict », 2008) que j’ai pris beaucoup de plaisir à faire. C’était le premier après une longue période et ça reste peut-être aujourd’hui mon film préféré »(1), avouait Frank Henenlotter en mars dernier.
Jérôme Gac
Extrême Cinéma, du 28 octobre au 5 novembre, à la Cinémathèque de Toulouse,
69, rue du Taur, Toulouse. Tél. : 05 62 30 30 11.
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photo: « Chasing Banksy »