Compte rendu concerts. 37 iéme édition de Piano aux Jacobins ; Toulouse ; Cloître des Jacobins ; Le 23 septembre 2016 ; Camille Saint-Saëns ; Fréderic Chopin ; Mel Bonis; Cécile Cheminade ; Claude Debussy ; Frantz Liszt ; Philippe Bianconi, piano.
Entre palme de l’originalité et celle de la poésie la Muse ne saura laquelle préférer pour Philippe Bianconi. Le récital qu’il a présenté est particulièrement abouti et d’une belle originalité. Le parti pris de ne jouer que des danses aurait pu lasser sous des doigts moins expressifs. Mais Philippe Bianconi est à la fois un poète et un grand virtuose. La musique pour piano de Saint-Saëns est exigeante et pas toujours facile d’accès. Philippe Bianconi a su ne rien laisser de coté, ni une virtuosité parfois exacerbée pour elle même, ni une complexité harmonique et rythmique déconcertante, ni surtout un style très particulier qui doit donner l’impression de la facilité et de l’élégance à tout prix. Les Mazurkas et la valse de Chopin ont été magiques. La délicatesse des Mazurka sous des doigts de velours a libéré une ensorcelante mélancolie. Ce Chopin est pure poésie, et passe comme un rêve. Tout est libre en apparence sous des doigts si habiles à faire oublier que le piano est un instrument de percussion. Tout n’est que ligne, nuances extatiques et couleurs mouvantes.
Danses et humour avec un pianiste poète
Deux femmes ont été distinguées par notre poète du piano, exactes contemporaines de Saint-Saëns et Debussy. La barcarolle de Mel Bonis est ample dans l’usage fait du piano qui sonne large et virtuose tout en étant très expressif. La Mazurk’ suédoise de Cécile Cheminade est contrastée et d’un caractère passionné. Ces deux trop courtes pièces nous ont permis de distinguer combien il est injuste de sous estimer ces compositrices nées dans l’ombre masculines mais ayant trouvé un style d’expression personnel et qui mérite notre attention. La mazurka choisie de Debussy sonne un peu sage et presque raisonnable à coté des deux dames…
Pour finir sur une apothéose d’une puissance rare Philippe Bianconi aborde deux étonnantes pages de Liszt. La valse-impromptu démarre avec un sens de l’humour malicieux puis développe sous des doigts funambulesques un rythme de plus en plus entrainant puis des hésitations pleines de séduction relancent le thème. Philippe Bianconi dispose d’une virtuosité aristocratique ne semblant que facilité.
Dans la Méphisto-valse 1 il se transforme en diable grand seigneur à l’inquiétante séduction tout à fait charismatique et non dénuée d’humour noir. Son articulation d’une précision d’horloger suisse, ses nuances très creusée et des couleurs d’arc en ciel font de cette pièce souvent uniquement virtuose sous des doigts moins experts, un petit théâtre de l’horreur infernale. Il n’est pas fréquent d’entendre ainsi cette pièce éblouissante sans rien perdre d’une lisibilité de chaque instant avec un caractère si trempé. Ce diable nous ferait le suivre ou il voudra…
C’est la variété de jeu de Philippe Bianconi qui a permis de déguster sans relâchement une suite originale de danses pianistiques.
Le public a été charmé et a obtenu deux bis faisant une ovation à un véritable poète du piano.
Hubert Stoecklin
Compte rendu concerts. 37 iéme édition de Piano aux Jacobins ; Toulouse ; Cloître des Jacobins ; Le 23 septembre 2016 ; Camille Saint-Saëns (1875-1921) : Suite en Fa majeur, op.90 ; Valse canariote op.88 ; Valse langoureuse en mi majeur,op.120 ; Etude ne forme de valse, op.52 n°6 ; Fréderic Chopin (1810-1849) : Trois mazurkas op.59 ; Valse en la bémol, op.42 ; Mel Bonis (1858-1937) : Barcarolle ; Cécile Cheminade (1857-1944) : Mazuk’ suédoise ; Claude Debussy (1862-1918) : Mazurka ; Frantz Liszt (1811-1886) : Valse-impromptu ; Méphisto-valse 1 ; Philippe Bianconi, piano.