Chaque mercredi, nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir un film américain passé inaperçu lors de sa sortie.
Le western est mort et enterré depuis bien longtemps, mais régulièrement, le cadavre bouge encore et plutôt pas mal. De Danse avec les loups (1990) de Kevin Costner à The Homesman (2014) de Tommy Lee Jones en passant par Impitoyable (1992) de Clint Eastwood, Open Range (2003) encore de Costner, Appaloosa d’Ed Harris (2008), True Grit (2010) des frères Coen, Django Unchained (2012) et Les Huit salopards (2015) de Quentin Tarantino (liste non exhaustive), et en attendant Les 7 Mercenaires d’Antoine Fuqua (sur les écrans mercredi 28 septembre).
En 1995, c’est Sam Raimi (voir également notre chronique du 27 juillet) qui se frottait au genre avec Mort ou vif qui se solda par un cuisant échec au box-office américain. Le jeune homme n’était pas encore le cinéaste aux commandes des blockbusters de la saga Spider-Man, mais juste le réalisateur de films naviguant entre horreur et fantastique (les trois Evil Dead, Mort sur le grill, Darkman), sans négliger un humour noir assez décapant. Sharon Stone, consacrée star mondiale trois ans plus tôt avec Basic Instinct, coproductrice du film, impose Sam Raimi derrière la caméra ainsi que deux acteurs : un Australien qui débute à Hollywood, Russell Crowe, et un jeune comédien américain quasi inconnu nommé Leonardo DiCaprio. Pas mal vu de la part de l’actrice au regard de la suite… Cela ne suffira pas cependant à assurer le succès de ce film faisant fusionner certains codes du western hollywoodien avec ceux du western spaghetti.
Dans la petite ville de Redemption (sic), sur laquelle règne le vil John Herod, se retrouvent chaque année quelques-unes des meilleures gâchettes de l’Ouest pour un concours de duels offrant au vainqueur une coquette récompense de plus de 100 000 dollars. Une mystérieuse jeune femme se joint à la mâle assemblée avec le désir secret de régler quelques vieux comptes… De ce point de départ très basique, Sam Raimi tire un exercice de style ludique, ultra-référencé, dans lequel le caractère répétitif de la succession des duels ne nuit pas à la tension du récit. Comme souvent chez Sam Raimi, on n’est pas loin du cartoon, le loufoque et le macabre ont leur mot à dire. Plongées, contre-plongées, zooms avant, gros plans dignes de Sergio Leone : le cinéaste et son chef-opérateur (l’immense Dante Spinotti) s’amusent et le spectateur avec eux. Autour de Sharon Stone, magnifique en cowgirl, de Russell Crowe et de DiCaprio, on retrouve un Gene Hackman tout aussi machiavélique que dans Impitoyable et des seconds rôles qui valent le détour (Lance Henriksen, Pat Hingle, Gary Sinise). À noter également l’apparition de Woody Strode, l’inoubliable interprète du Sergent noir de John Ford. Ford qui n’avait pas attendu Quentin Tarantino pour confier le premier rôle d’un western à un acteur de couleur à une époque (1960) où cela était moins bien vu et moins « bankable » qu’aujourd’hui.