… ou comment me and my bro’.
Dans mon petit Larousse illustré, à la définition du terme “ cool “, il y a Jeff Bridges. Si pour ma dernière soirée sur Terre, je décidais de partager un verre quelque part face à l’Océan Pacifique et à un soleil dégoulinant jusque dans l’écume des vagues (tant qu’à y être, choisissons un cadre idéal, ce sont mes derniers instants ici bas), je serais ravie que ce soit avec ce bonhomme.
Il est tellement coolos Jeff qu’il me donnerait j’en suis sûre et sans avoir l’air d’y toucher, quelques conseils sur la meilleure façon d’aborder la vie et d’apprivoiser ce truc qu’on appelle la relativisation (vous me direz, pour mon ultime moment, ça arriverait un peu tard). Il empoignerait ensuite sa guitare en fronçant ses sourcils broussailleux, commencerait doucement à jouer une vieille balade country, pendant ce temps je hocherais la tête d’un air entendu, en sirotant ma pina colada tout en jouant distraitement avec la petite ombrelle.
Mais bon voilà, la fin du monde n’est pas pour tout de suite (wheepee !), ma rencontre avec Jeff Bridges peu probable, je continuerais donc à me contenter de ce que cet homme et l’industrie du cinéma sont capables de réaliser ensemble (et la plupart du temps, c’est souvent pas mal).
C’est encore le cas pour Comancheria.
Que je vous donne un bref aperçu. Tanner et Toby sont frères, le premier vient de sortir de cabane, le deuxième l’attendait dehors en s’occupant de leur mère mourante et d’une ferme familiale pas loin de l’être aussi (vautours de banquiers qui ne sont jamais bien loin).
De son séjour derrière les barreaux, Tanner en a retenu les basiques du braquage de banque, idéal quand on est 2 frérots songeant à passer de la théorie à la pratique, notamment quand on a pour ambition de se servir dans les caisses d’une banque qui vous a mis à mal. Tout cela, serait bien sûr sans compter sur un pugnace shérif local proche de sa fin de carrière, flanqué de son adjoint apache, qui ne vont pas les lâcher d’une semelle.
A la lecture du résumé ci – dessus, il ne vous aura pas échappé que Comancheria appartient à la grande famille du film noir, le genre de long – métrage dont on soupçonne la fin avant d’avoir seulement vu le début.
En ça je ne vous contredirais pas, c’est totalement exact. Mais ça n’enlève en rien son intérêt, qui se place tout simplement ailleurs.
Dans le réalisateur David Mackenzie (Les poings contre les murs, Perfect sense), un petit malin qui a su s’entourer d’une équipe solide, en commençant par son scénariste, Taylor Sheridan, un habitué de la poussière sur les éperons et du Texas profond (c’est lui qui a signé le scénario de Sicario).
Dans ce que David Mackenzie filme de cette région des États – Unis, utilisant la distance requise (mais c’est peut – être parce qu’il est britannique) pour montrer une région ravagée par les désordres climatiques, le chômage galopant, la misère qui pousse des éleveurs au fond du gouffre (en un mot, bien loin du Texas clinquant et capitaliste du père Bush).
Dans l’histoire qui, même si elle n’a rien d’une envolée au pays de l’audace, n’en demeure pas moins attachante et ponctuée tout du long de singuliers dialogues, pas forcément habituels dans ce genre d’exercice et pour la plupart très drôles au demeurant (les vannes plus que douteuses que balancent le vieux Marcus à son acolyte Alberto en sont les plus savoureuses).
Dans un casting cool, à l’image d’un Jeff Bridges parfaitement à l’aise en flic nonchalant qui n’a aucune envie de partir à la retraite. Le petit Ben Foster a bien grandi depuis l’époque de Six feet under, reste un Chris Pine juste convaincant (si dans la vie cinématographique, on me demandait plus souvent mon avis, c’est Josh Brolin qu’il aurait fallu retenir pour le rôle, il aurait était parfait).
Il vous reste maintenant à aller voir Comancheria et, si le cœur vous en dit, à passer quand vous voulez pour faire part de vos impressions.
En vous remerciant.
Pierrette Tchernio
En salle depuis le 7 septembre