Il est l’occasion de s’échapper le temps d’un week-end dans le Lot-et-Garonne, pour rejoindre Couthures. Terre natale du grand reporter Philippe Chaffanjon, le village accueille pour sa première édition, le Festival international du journalisme vivant les 29, 30 et 31 juillet prochains : Les Ateliers de Couthures. A l’initiative des magazines de reportages longs formats XXI et 6Mois, le festival promet un large choix d’animations : des rencontres, des expositions photos, des projections, des lectures, des pièces de théâtre, des conférences mais aussi des concerts.
Un festival de débats créatif : un thème, un séchoir
Le dernier week-end de juillet, des professionnels de tous les horizons sont conviés pour évoquer des thèmes saisissant d’actualité. La manifestation met un point d’honneur à donner la parole à des spécialistes, malheureusement peu sollicités par les médias traditionnels : des journalistes, auteurs, dessinateurs, photographes et même des comédiens et musiciens. Sept thèmes seront envisagés du vendredi au dimanche, lors des Ateliers qui se dérouleront dans des séchoirs à tabac : un thème, un séchoir.
Parmi ces thèmes, incontestablement, les crises migratoires demeurent des problématiques dont nous nous devons de parler. La globalisation s’accélère, pourtant les frontières se renforcent. Par des témoignages, des documentaires et des récits, les festivaliers seront invités à se questionner sur le thème « Des frontières et des hommes ». Parmi les intervenants, MC Solaar, parrain de cette première édition, né au Sénégal de parents tchadiens, de passage en Egypte et ayant grandi à Paris, interviendra. Le rappeur poète emprunte dans son travail encore aujourd’hui, les thèmes de l’errance et la diversité des cultures et des territoires : témoignage. Amer Ahmad et Sara Kol, emprisonnés plusieurs fois par le régime de Bachar el-Assad, ont fui à pied la Syrie : vécu. Sur ce sujet encore, la projection du reportage « Ni Allah ni maître » de Corentin Fohlen et du documentaire de Cécile Allegra et Delphine Deloget, « Voyage en Barbarie », Prix Albert Londres 2015. Et bien d’autres interventions étonnantes !
Autre grand angle du festival : « L’Iran dévoilé ». Le pays couvert de clichés revêt en réalité milles visages. Effectivement, à y regarder de plus près avec ceux qui au plus proche, ont vécu l’Iran, il sera envisagé dans les Ateliers de Couthures, le statut de la femme, la liberté, les relations sociales très règlementées et leur transgression, la religion, la révolution islamique, la politique,… Ainsi, le film « No Land’s Song » d’Ayat Najafi sur l’interdiction pour les femmes de chanter devant un public mixte en Iran, sera projeté. Les Ateliers seront aussi l’occasion pour Delphine Minoui, journaliste et Mehdi Jahandar, mollah d’expliquer leur rencontre ou encore pour Armin Arefi de nous questionner sur la supposée ouverture de son pays.
Le festival souhaite aussi mettre en lumière et provoquer le questionnement sur d’autres thématiques essentielles : « Les révolutions alimentaires » et les problématiques de l’industrie agroalimentaire opposée à une véritable agriculture raisonnée, « Changer la prison » de Guantánamo aux prisons ouvertes ou « Participer : mode d’emploi ». Il s’agira aussi de « Décrypter la terreur » pour évoquer à la fois la légitimité et la nécessité de l’état d’urgence mais aussi le terrorisme installé par Daesh, notamment. Enfin « Les dérangeurs », pour aborder le métier de journaliste, le rôle des lanceurs d’alerte dans les affaires politiques et financières et les scandales sanitaires, ou bien encore la portée de la caricature.
Autant de questions pour ébranler nos convictions…
Des concerts, des spectacles et des projections
Vendredi dès 18h, carte blanche sera donnée à MC Solaar et le duo d’Agar Agar, réinventeur des sonorités 80s présentera son premier titre le même soir. Babel mêlera chanson française et musique électronique le samedi, sans oublier les guitares psychés de Faire ou encore les dj sets de Pako et Dj Tonanz AKA Augustin S, le vendredi toujours. Pour les projections, il faut citer « Fatima » de Philippe Faucon sacré Meilleur Film aux Césars 2016 et l’avant première du film d’Asghar Farhadi « Le Client », sur la vie quotidienne à Téhéran.
Un programme chargé, nécessaire et remarquable.
Agar Agar programmé au Festival international du journalisme vivant le vendredi 29 juillet à 21h
Marjorie Lafon
Festival international du journalisme vivant