Plein de bonnes nouvelles : le nouveau film de Diastème « Juillet Août » sort mercredi 13 juillet. Quand on a un film écrit par un auteur, Diastème lui-même, et qu’il sait s’entourer de gens compétents – co-scénariste Camille Pouzol, Pierre Milon pour la photo, Alex Beaupain, Frédéric Lo et Jérémie Kisling pour la Bande Originale, et un casting nickel avec Luna Lou plus que parfaite dans son premier long-métrage, un très bon film est rendez-vous ! Je vous en reparle vite. En attendant, Diastème et Luna Lou ont répondu à mes questions.
Avec « Le Bruit des gens autour », le festival d’Avignon servait de cadre pour la première fois au cinéma. Pour « Un Français », les plans séquences cassaient les codes des scènes de bagarre. Pour « Juillet Août », quelle était ton plaisir cinématographique ?
Diastème : Celui de la comédie – genre que je trouve assez maltraité en France depuis quelques années. Essayer de faire une comédie grand public élégante, à la fois drôle et émouvante, bien écrite, bien jouée, bien filmée, bien montée. J’ai apporté le même soin dans sa réalisation, je ne fais pas de différence entre mes trois films, sous prétexte que celui-ci est une comédie. Il y avait aussi le plaisir de retravailler sur l’adolescence, sujet que je n’avais pas traité depuis ma première pièce de théâtre, « La nuit du thermomètre ».
À quel moment le projet « Pimpette » que tu avais annoncé est-il devenu « Juillet Août » ?
Diastème : « Juillet Août » était le titre initial. Puis j’ai eu cette idée de « Pimpette ». Mais très vite, au montage, nous nous sommes rendu compte que ce titre lançait le spectateur sur une mauvaise piste – le sujet n’était pas seulement Laura, dite Pimpette, mais toute sa famille, donc nous avons repris le premier titre.
Comment s’est concrètement passé l’écriture à quatre mains avec ta co-scénariste Camille Pouzol ?
Diastème : Nous avons repris ensemble une première version du scénario que j’avais écrite seul, avec l’idée de s’amuser avec les dialogues, de trouver de nouvelles séquences, de fouiller les personnages. C’était très ludique. Et j’aimais bien l’idée d’avoir un regard féminin sur mon histoire. En plus je connais Camille depuis très longtemps, il y avait aussi ce plaisir de retravailler ensemble. On a fait attention à ce que le langage ne soit pas une caricature de langage actuel avec des « LOL », on a veillé à rester dans quelque chose qui est de l’ordre de la fiction.
Je trouve que c’est très difficile d’écrire une histoire à deux – c’est mon côté « auteur » qui parle. En revanche c’est très agréable de retravailler une histoire avec quelqu’un – et évidemment quel que soit son sexe, quel que soit le sujet. Mais c’est vrai aussi que je n’ai jusque-là co-écrit de films qu’avec des amis : Christophe Honoré, Antoine de Caunes, Olivier Jahan ou Camille Pouzol.
Travailles-tu différemment avec un co-scénariste selon que tu réalises le film ou non ?
Diastème : Quand je suis co-scénariste je suis là pour aider, pour donner des idées, trouver des solutions, mais ce n’est pas moi qui décide à la fin. Quand c’est moi qui réalise, c’est moi le « patron » – pour employer ce mot imbécile.
Combien de temps a duré l’écriture du scénario ?
Diastème : Il s’est fait en plusieurs étapes, sur plusieurs années, donc je ne saurais pas dire.
Diastème : Non, avec les producteurs et le distributeur il n’y a eu aucun souci de cet ordre. Et puis ce n’est pas tout à fait vrai. Pascale Arbillot, même si elle est beaucoup plus connue au théâtre, a quand même fait quelques films. Et Thierry Godard a beaucoup beaucoup tourné pour la télévision, notamment pour des séries, c’est un acteur très connu. Il amène une force, une humanité, une gentillesse assez rares. Ce sont des comédiens formidables, tout le monde le sait. Quant à Alma Jodorowsky, elle commence elle aussi à travailler au cinéma – elle était d’ailleurs, comme Jérémie Laheurte, dans « La Vie d’Adèle ». En fait, c’est seulement le premier film de Luna Lou, et ce ne sera pas le dernier je pense !
La vraie difficulté du casting était de trouver Pimpette, mais là aussi, ça a été finalement assez simple. Je ne voulais pas avoir recours à un casting sauvage parce qu’il y avait beaucoup à jouer. Mon directeur de casting a auditionné une trentaine de jeunes comédiennes. Luna avait déjà fait des petites choses à la télévision et des courts-métrages, elle était exactement le personnage que j avais écrit. Sa voix grave apporte quelque chose à Pimpette. Et elle est très très douée. J ai rarement vu un comédien même adulte aussi doué.
À quand remonte ton désir d’être actrice ?
Luna : Plus jeune, je ne pensais pas être actrice. À 8 ans, je suis allée avec ma mère à un rassemblement hommage à Michael Jackson et j’ai beaucoup parlé avec un mec qui apprenait la chorégraphie. A la fin du rassemblement, il a demandé à ma mère si je pouvais faire un court-métrage avec lui. J’avais envie de voir ce qu’était un tournage, et j’ai découvert une passion. Quand je jouais, j’adorais être quelqu’un d’autre et quand je ne jouais pas, j’adorais observer le travail de toute l’équipe technique. J’ai demandé à participer à d’autres tournages un an après. J’ai fait des castings jusqu’à celui de « Juillet Août ». Maintenant, c’est sans hésitation : je veux être comédienne !
Les comédiens ont-ils eu la possibilité de faire des propositions ou d’improviser dans certaines scènes ?
Diastème : Comme pour tous mes films, j’ai fait des répétitions avec tous les comédiens en amont, où il peut y avoir là, oui, des propositions, des améliorations, de nouvelles idées. Mais une fois sur le plateau pas vraiment. Le temps de répétitions permet aussi aux comédiens de se connaître, et pour ce film, les liens entre les deux sœurs, et la famille se sont créés.
Comment s’est passée la scène du pole dance ?
Luna : Ça a commencé durant les répétitions ce qui permettait d’être à l’aise quand j‘ai dû la faire sur le plateau. Aux répétitions, je sentais vraiment que les acteurs et tous les membres de l’équipe technique étaient vraiment adorables, je n’ai donc pas eu la crainte de faire cette scène devant eux. Une fois la musique mise, je me suis lancée. Sur le tournage, ça ne rigolait plus. Il y avait le regard des figurants de la soirée. C’est un challenge comme les autres, et j’adore les challenges ! Et j’adore danser. C’était rigolo, et à la fois touchant car elle prend une claque face à la réaction du garçon. C’était une bonne expérience de faire des scènes un peu folles comme celle-ci.
Il y a beaucoup de scènes de gêne, c’est aussi un défi ?
Diastème : Je sais que cette scène de pole dance est embarrassante. Je l’aime aussi car en face, il y a Ali, qui est un comédien génial et dans son œil, on ressent tout cet embarras. C’est lié à cet âge, 14 ans, qui est un âge que je trouve formidable : on comprend tout mais on ne comprend pas encore qu’il y a des choses qu’il ne faut pas dire. Plus jeune, on peut tout dire mais on ne comprend pas et un tout petit peu plus vieux, on comprend et on comprend qu’il ne faut pas le dire. C’est un âge un petit peu embarrassant, surtout quand on fait des personnages qui sont dans une tradition de cinéma de genre, Les Quatre cents coups, L’Effrontée. Je ne suis pas complètement certain que ce soit conscient à l’écriture, mais je sais que quand j’écris une scène, et que ça m’embarrasse un peu, je trouve ça plutôt très bon signe.
Comment s’est fait le choix des deux lieux de tournage géographiquement éloignés ?
Diastème : Très naturellement. Il y avait de quoi, avec la Côte d’Azur et la Bretagne. Je voulais m’amuser avec les clichés des deux lieux.
La scène qui a été la plus difficile à tourner ?
Diastème : Je dirais que je n’avais jusque-là jamais tourné avec des animaux, ni sur des bateaux. Et disons que – sauf nécessité scénaristique majeure, je ne suis pas prêt à recommencer !
Luna : Aucune n’a été difficile, mais celle où j’avais le plus peur avant de la tourner, est la scène où je fume !
Diastème : C’est du boulot ! Pour « Un Français » j’avais l’extrême droite, là, j’ai la DDASS (rires). Comme la miss a moins de 14 ans, on est limité à 6 heures de travail par jour. Elle a toujours été d’une grande précision, avec la même énergie quel que soit le nombre de prises. Jamais de lassitude. Au deuxième jour de tournage, Pascale est venue me voir « excuse-moi, je me suis arrêtée de jouer pour la regarder ».
Les directives données au chef opérateur ?
Diastème : Ce plaisir, comme sur « Un Français », de tourner en scope et à l’épaule, et – même si le film est très découpé au montage, ce que je souhaitais – de filmer les scènes en séquence, dans leur continuité. Et je dois dire que ça a été un vrai plaisir de travailler avec Pierre Milon.
Combien de temps a duré le tournage ?
Diastème : Huit semaines. Trois en Bretagne, quatre dans le sud, et une à Paris.
Combien de temps a duré le montage et la part du film qui se décide au montage ?
Diastème : Je ne sais plus, quinze ou seize semaines je crois. Avec une envie constante d’élégance et d’efficacité, garder le rythme et la drôlerie de Laura – celui du récit, des personnages, mais sans perdre en émotion. Nous avons avec ma monteuse, Mathilde Van de Moortel, beaucoup coupé ou raccourci de séquences, même certaines que nous aimions beaucoup, mais je n’ai au final aucun regret. Le film ressemble à ce que je voulais, et dans le fond, et dans la forme. Et il y aura des « scènes coupées » dans les bonus du DVD, ce qui est toujours assez rigolo.
Pourquoi avoir pris Alex Beaupain auteur-compositeur-interpréte pour écrire les chansons du film, pour les faire chanter par un autre auteur-compositeur-interpréte, Jérémie Kisling ?
Diastème : La musique que je souhaitais pour le film – une espèce de folk américaine low-fi, n’est pas vraiment la spécialité d’Alex, qui était de toute façon très occupée par « Les Malheurs de Sophie ». Et il y a longtemps que j’avais envie de travailler avec Frédéric Lo. Il se trouve que je suis aussi un très grand fan de Jérémie Kisling – il y avait d’ailleurs une de ses chansons dans « Un Français ». Donc, au final, je travaille avec trois de mes musiciens préférés, donc je triple mes plaisirs – et je sais que, tous les trois, sont très très fiers du résultat et ont adoré travailler ensemble. Alex a fait un boulot remarquable car les paroles ne devaient pas être une voix intérieure. La seule consigne que je lui ai dite en lui faisant voir le film était « sois dans l’émotion du moment », sans rentrer dans les détails du personnage.
La BO sera-t-elle commercialisée ?
Diastème : Oui madame. Et ça me fait bien plaisir puisque moi-même j’écoute la musique et les chansons du film en boucle depuis des semaines, et que tous les gens qui ont vu jusqu’ici le film me la réclament.
Vos futurs projets ?
Diastème : la suite est prévue « Septembre Octobre » (rires). Plusieurs, mais c’est trop tôt pour en parler. De l’image mais aussi une mise en scène de spectacle. Et accompagner la sortie du film, bien sûr, que j’espère, je ne te le cache pas, plus joyeuse et légère que la précédente !
Luna : Je pars cet été pour le tournage du film d’Anne Fontaine, « Qui a tué Marvin ? », pour un petit rôle. Je l’ai rencontrée et elle en train de me rajouter des jours de tournage.
Propos recueillis en mai et le 13 juin, lors de la venue de Diastème et de Luna Lou pour la première avant-première de la tournée au Gaumont Wilson.
Comme on est sympas ici, voici les liens pour avoir le CD et écouter la Bande Originale : Spotify – Deezer – iTunes