Toulouse, Halle-Aux-Grains, le 25 juin 2016 ; Inon Barnatan, piano ; Orchestre National du Capitole de Toulouse ; Thomas Sondergard, direction.
Le concert permettait au public de retrouver un pianiste et un chef très appréciés. Il s’est déroulé sous des auspices amoureux qui se sont concrétisés par un Concerto n°4 de Beethoven admirable en tous points. Dès son entrée solo, le pianiste a suscité, en un toucher idéal de pondération, une écoute émue. La réponse tout en délicatesse de l’Orchestre du Capitole a initié un dialogue de poésie, de bonheur, d’élégance. La direction de Thomas Sondergard contient la même poésie pleine de finesse que celle du pianiste Inon Barnatan. L’orchestre avec des qualités de timbre, de couleur et des phrasés de rêve a été admirable de bout en bout. Le deuxième mouvement contient ce moment unique d’un dialogue entre la supplique du piano et la rigueur de l’orchestre qui finit par céder devant la bonté et la pudeur de l’instrument soliste.
Incroyable moment de beauté et d’harmonie, gage de paix gagnée au terme d’un intense dialogue partant sur des positions et des nuances au départ tout en oppositions. Exemple d’un idéal de dialogue qui manque tant à notre époque. Le dernier mouvement, extraverti et caracolant a été une fête de l’aventure commune entre le soliste brillantissime et l’orchestre qui peut tout. La technique d’Inon Barnatan est fabuleuse et les qualités d’ensemble de cet artiste, véritable poète du piano, en font l’un des pianistes les plus attachants du moment.
Le concert avait débuté avec une Ouverture III de Léonore d’un drame assumé avec des couleurs admirablement variées.
En deuxième partie de concert, la symphonie n°2 de Tchaïkovski reste un moment de fête de l’orchestre. Le lien amical entre Thomas Sondergard et l’Orchestre du Capitole a fonctionné parfaitement pour mettre en valeur la structure d’une symphonie plus complexe qu’il n’y paraît. Les couleurs ont irisé et les nuances ont été finement creusées. La gestuelle si élégante du chef danois est un régal de chaque instant. Il obtient avec douceur tout ce qu’il veut. Cette symphonie est riche en thèmes russes inventés par Tchaïkovski ou retranscrits. Cette science de l’écriture si classique et occidentale permet une symbiose parfaite entre les deux mondes auxquels la Russie voulait appartenir. Un instrument solo a été la voix la plus émouvante de ce dialogue entre des racines retrouvées et une aspiration à un ailleurs exigeant, c’est le cor de Jacques Deleplancque dans une forme extraordinaire. Capable d’une richesse de couleurs allant du murmure le plus doux, aux éclats profonds les plus spectaculaires. Le basson d’Estelle Richard avec beaucoup de personnalité a pris le relais pour lancer le thème Ukrainien qui ouvre la symphonie. Le final a été amené avec conviction, dans un crescendo savamment conduit, s’achevant sur une intervention si déterminante des timbales, admirable Emilien Prodhomme !
Le public a été enthousiaste et a généreusement applaudi deux artistes poètes inspirés, le pianiste Inon Barnatan et le chef Thomas Sondergard. Ils reviendront à Toulouse nul doute n’est permis ! L’orchestre du Capitole s’est montré enthousiaste et dans ses plus beaux atours. Le public a été conquis.
Compte-rendu concert. Toulouse, Halle-Aux-Grains, le 25 juin 2016 ; Ludwig Van Beethoven (1770-1827) : Léonore III ouverture en do mineur ; Concerto pour piano et orchestre n°4 en sol majeur ; Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Symphonie n°2 en do mineur, « Petite Russie » ; Inon Barnatan, piano ; Orchestre National du Capitole de Toulouse ; Thomas Sondergard, direction.
Photo : © Martin pour Thomas Sondergard et © Marco Borggreve pour Inon Barnatan
Chronique écrite pour classiquenews.com