Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs Cannes 2016 et longuement ovationné, le dernier film de Solveig Anspach est aussi le point final d’une carrière…et d’une vie. En effet, cette cinéaste française d’origine américano-islandaise s’en est allée en 2015, elle avait 54 ans, terrassée par la récidive fatale d’un cancer dont elle avait fait le sujet d’un film en 1999 : Haut les cœurs !
Avec ce dernier opus, peut-être le meilleur de sa filmographie, elle nous parle avec simplicité d’amour, de liberté, d’émotion, tout en ne manquant pas de nous faire rire. Samir (Samir Guesmi confondant de justesse) est grutier à Montreuil. Le hasard lui fait croiser le regard d’Agathe (Florence Loiret-Caille, épatante), maître-nageuse à la piscine municipale. Pour lui c’est le coup de foudre immédiat. Comment l’approcher. Samir s’invente alors une envie soudaine d’apprendre à nager, alors que… Mais voilà, Agathe a horreur du mensonge. Cette dernière doit se rendre à un improbable congrès mondial de maitres-nageurs en Islande. Samir part sur ses traces et se faufile dans la délégation palestinienne avec les quiproquos que l’on imagine.
C’est léger et signifiant à la fois, désopilant et formidablement émouvant. Les seconds rôles tracent de l’Islande un portrait ubuesque d’un incroyable naturel. Le milieu aquatique de ce film fait de celui-ci une parabole sur les mélismes de l’amour. Comment ne pas imaginer les échos d’expressions comme « ramer », « boire la tasse », « flotter », « couler à pic », « se jeter à l’eau » dans les multiples tentatives de ces deux êtres pour se trouver enfin. Un film qui fait du bien. Tout simplement.
Robert Penavayre
L’effet aquatique
De Solveig Anspach
Avec Florence Loiret-Caille, Samir Guesmi, Didda Jonsdottir plus
Genre Comédie dramatique