Enfant enveloppant son père de ses ailes.
Fils et père en visages de traits, sérénité et tourment, mains de pianiste, Sandrine Follère a saisi l’essentiel, cet essentiel qui accueille le spectateur
« Il n’a pas d’ailes », commente quelqu’un.
Entrelacs de mots, musique, images.
Le piano d’Augustin répond aux mots d’Yves, échos aux traits de Sandrine. L’intense relation père-fils est projetée du dessin vers la scène, de la scène vers le dessin.
Yves Charnet savoure son texte [1], Nougaro en prétexte pour ressasser le soi, Nougaro en père de substitution. Il mime, imite, cabotine, s’adresse au fils, aux images, va, vient, tourne le dos, s’emmêle les pieds dans le fil du micro. Passent les figures toulousaines, les quartiers, les ombres blanches. Au mur se succèdent les esquisses, jetées parfois sur la page raturée d’un manuscrit en chantier, changeantes au gré des lumières, bleues, rouges : le double de stylo interroge son mot-dèle. Le jeune pianiste sourit dans sa musique.
Ovation aux saluts, on se congratule, l’écharpe rouge passe du père au fils, les techniciens sont remerciés.
Un geste, un simple geste vers l’écran, vers les dessins ? Une invitation à l’artiste, présente là, au premier rang ? Non, rien… Le tandem oublie qu’il était triplette.
Dehors, la pluie ne fait pas de claquettes. Il pleure dans mon coeur / Comme il pleut sur la ville.
[1] Yves Charnet. Quatre boules de jazz – Nougasongs. Alter Ego 2014
Photos © Sandrine Follère
Le marathon des mots, théâtre Sorano, 24 juin 2016