L’ouvrage est donné en différé du Théâtre de La Fenice de Venise, le 14 juin au CGR BLAGNAC à 20h, dernière retransmission de cette programmation de ALL’OPERA, le lyrisme italien au cinéma. Chanté en français, l’opéra est en quatre actes, et un seul entracte.
Véritable apologie de l’amour romantique, cet opéra de Gaetano Donizetti, est créé à Paris le 2 décembre 1840 dans sa version originale française. Pour mémoire, Donizetti a quitté Naples après la censure entravant les représentations de son Polyeucte (Poliuto). S’installant à Paris, il écrit pour l’Opéra-Comique en 1838, La Fille du Régiment tout en poursuivant l’adaptation de son Poliuto rebaptisé Les Martyrs. Pour son nouvel opéra, le compositeur s’est inspiré du drame de Baculard d’Arnaud, Le Comte de Comminges. Le livret est de Alphonse Royer et Gustave Vaez. L’ouvrage aura un certain succès au XIXè et fut donné tout d’abord en trois actes sous le titre de L’Ange de Nisida. Donizetti le reprendra pour ajouter un quatrième acte et le présenter ainsi remanié, avec l’aide de Scribe, sous le titre que nous lui connaissons, même si d’autres lui seront encore attribués ! Une généalogie bien complexe pour l’un parmi les soixante-dix opéras du natif de Bergame.
Leonor de Guzman Veronica Simeoni
Fernand ou Ferdinand John Osborn
Alphonse XI Vito Priante
Balthazar Simon Lim
Don Gaspar Ivan Ayon Rivas
Inès Pauline Rouillard
directeur Donato Renzetti
régie Rosetta Cucchi
scène Massimo Checchetto
costumes Claudia Pernigotti
lumières Fabio Barettin
Orchestra e Coro del Teatro La Fenice
Maestro del Coro ⎮ Claudio Marino Moretti
in lingua originale con sopratitoli in italiano e in inglese
Nuovo allestimento Fondazione Teatro La Fenice
en coproduction avec l’Opéra Royal de Wallonie de Liège
Si l’on résume au maximum, l’action se déroule en Espagne au XIVè siècle. Scribe s’appuie sur une histoire véridique, celle du roi Alphonse qui régna vingt ans avec deux reines à ses côtés. Le moine Ferdinand, que son supérieur Balthazar désigne comme son successeur, est obsédé par la vision d’une femme d’une grande beauté. Il fuit son monastère, s’engage dans l’armée, guerroie, et devient un héros au fil des combats. Cette femme aperçue, cependant, n’est autre que Léonore de Gusmann, la favorite du roi de Castille, Alphonse XI. En récompense octroyée pour sa bravoure, Fernand demande au roi la main de Léonore. Mais celui-ci, sous menace d’excommunication, a dû rompre avec sa maîtresse, et il va accéder à ce désir…Tout en lui cachant que Léonore est sa favorite…Les courtisans ne manquent pas de railler Fernand, et avec l’arrivée de Balthazar le drame commence…
La distribution nécessite des “gosiers de légende“ pour une partition jalonnée de magnifiques arias écrits pour chacun des intervenants, premiers rôles comme comprimari. Ainsi, Alphonse XI, c’est Vito Priante, baryton-basse napolitain, qui endosse le rôle du premier emploi authentique dans l’opéra français pour ce type de voix. Le raffinement caractérise ce personnage, roi et amant encore dans la force de l’âge, qui impose un modèle de chant aristocratique.
A côté de la reine légitime, Marie du Portugal, l’illégitime, c’est la mezzo Veronica Simeoni, que l’on retrouve à l’affiche de nombreux théâtres lyriques italiens, artiste de caractère reconnue et pour sa voix et pour ses talents de comédienne. Sans pathos excessif, mais avec une sensibilité très perceptible, la mezzosoprano est Leonora. Très à l’aise dans cette tessiture exigée, elle a la noblesse et le charme de cette favorite dont Fernand demandera la main, ignorant tout de son statut auprès du roi de Castille, Alphonse XI.
Elle a pour amant fougueux donc, Ferdinand, jeune capitaine, qui représente l’idéal d’amour courtois, de courage et de vaillance cher aux romantiques prêt à tout et donc, au désastre. C’est le ténor John Osborn qui défend cette partition redoutable. L’écriture vocale qui lui est réservé exige un haut médium très robuste, avec beaucoup de vaillance mais teinté de raffinement. Quelques contre-ut sont là pour faire frémir un brin l’assistance !! Des arias comme : « Une vierge, un ange de Dieu… », ou encore : « Esprit de lumière… », un des plus beaux airs pour ténor de l’opéra italien. Ténor que nous entendrons au Capitole dans l’opéra le Prophète, courant juin 2017 dans le rôle de Jean de Leyde. L’artiste aime les défis.
Michel Grialou
All’Opéra La Favorite (Donizetti)
Fenice de Venise
mardi 14 juin 2016 à 20h00
Diffusé dans votre cinéma Mega CGR Blagnac
Photos © Michele Crosera