Le livre de la jungle écrit par Rudyard Kipling (1894) fut immédiatement un succès de la littérature jeunesse absolument colossal. Complexe, violent, cruel et à double lecture, il fut adapté une dizaine de fois pour le grand écran, la version de référence demeurant le dessin animé de Walt Disney de 1967. Jon Favreau nous propose aujourd’hui une adaptation assez singulière techniquement en cela qu’elle conjugue des images animées et un héros en chair et en os parfaitement incrusté dans des images somptueuses.
Recréés sous forme de marionnettes grandeur nature pour aider le jeune interprète de Mowgli dans son jeu scénique, les animaux sont ensuite traduits en format animé d’une hallucinante précision tant en termes de déplacement que de réalité anamorphique. Totalement bluffant !
Presque trop d’ailleurs car la réalité semblant parfois dépasser la fiction et le scénariste ayant opté pour une approche un rien brutale de cette histoire, ce film ne paraît pas s’adresser aux moins de 10 ans ! Cela dit, nous retrouvons avec plaisir, outre Mowgli, la panthère noire Bagheera, l’ours Baloo, Kaa le serpent qui ne rêve que d’avaler le petit d’homme pour son déjeuner, Le Roi Louie, énorme et inquiétant orang outan voulant obliger Mowgli à voler la fleur rouge (le feu) aux humains, le tigre Shere Khan, blessé autrefois par le père de Mowgli et qui ne vit que pour se venger et entretenir les animaux dans la méfiance de l’Homme. Il y a aussi le clan des loups qui a recueilli et élevé le bébé Mowgli, un clan important dans la mythologie du scoutisme (les louveteaux).
Très rapidement, le scénario va opposer de manière radicale le tigre à l’homme, aussi jeune ce dernier soit-il. C’est donc à une course-poursuite de près de 2h que nous convie Jon Favreau, avec des moments de repos et d’autres de stress intense, la séquence-phare étant celle qui nous conduit dans ce vieux temple indou, repère où vit retranché l’imposant et à vrai dire effrayant Roi Louie. Au final, une réalisation virtuose, esthétiquement accomplie, proche de l’original littéraire en termes d’ambiance car, clairement, nous ne sommes plus dans le monde des bisounours de 1967. Seul bémol, pour la VF, des doubleurs et des textes pas très convaincants, pour mémoire : Lambert Wilson, Leïla Bekhti, Eddy Mitchell, etc.). Suite en 2018 sous la direction d’Andy Serkis, le fameux César de la dernière Planète des Singes et immortel Gollum du Seigneur des Anneaux. Ce sera son premier long.
Robert Pénavayre
Le Livre de la Jungle
Réalisateur : Jon Favreau
Avec : Neel Sethi (Mowgli)
Durée : 1h46’
Genre : Aventure
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Jon Favreau – Un poids lourd d’Hollywood
Ce Newyorkais pur jus, né il y a bientôt un demi-siècle, est tout juste majeur lorsqu’il monte sur les planches pour la première fois. Il lui faudra cependant attendre un peu, en fait ses 26 ans, pour se trouver devant une caméra. Avant tout réclamé pour des comédies, il enchaîne dans ce domaine les utilités et les rôles majeurs. Mais ce qui doit arriver… En 2000, il signe son premier long. D’autres suivront, plus ou moins bien accueillis. Il lui faut attendre 2008 et Iron man pour accéder à la célébrité en tant que réalisateur. Si sa carrière de cinéaste (9 films) et d’acteur (40 films) est pour le moins en dents de scie, son parcours de producteur (11 films) est, lui, sans faute. Un redoutable businessman hollywoodien dans toute sa splendeur.