Un premier long est sacré, le réalisateur y met tout son cœur. Voire plus. Avec parfois tellement d’envie que l’overdose guette. Ce n’est pas le cas ici car pour son coup d’essai, Igor Gotesman fait preuve d’une rigueur qui laisse augurer un bien bel avenir. Scénariste de son film, le cinéaste nous entraîne dans la vie assez disjonctée d’une poignée de jeunes trentenaires : Samuel, Timothée, Julia, Vadim et Nestor.
Ils se connaissent depuis longtemps et leur rêve de toujours est de vivre en colocation, une grande colocation car ils sont cinq dont une fille. Samuel (Pierre Niney en mode survolté), unique héritier d’un père richissime qui lui paie largement ses études de médecine, décide un beau jour de se passer cette fantaisie et loue un superbe appartement haussmannien. Tout va bien jusqu’au jour où Samuel est obligé d’avouer à son père qu’en lieu et place de la fac de médecine, il fréquente un cours de comédie. Exit la Carte Bleue salvatrice du paternel. La dure réalité de la vie reprend ses droits. Sauf que Samuel n’a pas envie de briser le rêve de ses potes. De mensonges en plans foireux, il tente de maintenir ce qui n’est plus à présent qu’une fiction.
Portée par des comédiens épatants, au premier rang desquels François Civil (une sacrée découverte), cette comédie sociale générationnelle, à ne pas mettre devant tous les yeux car largement au-dessous de la ceinture, porte la marque d’un vrai savoir-faire de réalisateur tant dans les cadrages que dans la direction d’acteurs et, bien sûr, dans un scénario au cordeau alternant avec virtuosité des moments totalement loufoques et des scènes émouvantes, voire dramatiques.
Au total, on a bien rigolé tout de même, mais avec ce sentiment de ne pas avoir été dragué de manière triviale. La marque d’un talent authentique.
Robert Pénavayre
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« Five », un film d’Igor Gotesman