Il n’est pas vain de dire combien nous attendions mieux du réalisateur de 300 (2006) et de Watchmen – Les gardiens (2009). Cela dit son Man of Steel (2012) aurait dû nous mettre le doute.
Voici dont le premier combat de super-héros de cette année cinématographique. Et, une fois n’étant pas coutume, ils vont se battre l’un contre l’autre. Cela était l’occasion d’entrer dans la psyché de chacun d’eux ainsi que dans celle des habitants de Gotham et de Métropolis afin de savoir ce que finalement ces deux personnages représentent pour eux. Ce pitch était d’autant plus intéressant que si Batman est d’essence humaine, il n’en est rien de Superman dont les origines étoilées et les supers pouvoirs en font quasiment un dieu. Or, justement, le scénario du dernier opus de Zack Snyder les oppose sur ce thème : Superman n’abuse-t-il pas de sa toute-puissance divine et les Humains n’ont-ils pas seulement besoin de la protection du Chevalier noir ? Les problèmes commencent là pour Zack Snyder. Dans les films de super-héros, il faut impérativement une trame claire et nette et des personnages parfaitement dessinés psychologiquement. Ici, dès le début et une série mortelle de flashes-back, le flou s’installe.
Pourquoi ? Comment ? Qui c’est ? Où sommes-nous ? Les questions pleuvent et les réponses sont aux abonnés absents. Le film devient alors une suite de scènes plus ou moins imbriquées les unes aux autres avec comme seul fil rouge, à peu près évident, la présence de Lex Luthor, le Méchant. Du trafic d’armes en plein cœur du Sahara à la récupération de la lance kryptonienne il y a bien sûr un véritable grand écart fatal aux adducteurs du scénariste Chris Terrio, pourtant couvert de prix, à juste titre, pour son adaptation d’Argo ! Et l’ennui pointe rapidement le bout de son nez, malgré la BO tonitruante d’Hans Zimmer et de Junkie XL. La palanquée de comédiens engagés n’y est pour rien. Ils seraient même assez bons pris individuellement. Il en est ainsi du play-boy de l’espace : Harry Cavill (Superman au brushing inaltérable), Ben Affleck (Batman aux biscotos impressionnants), Jesse Eisenberg (cela dit pas très convaincant en Lex Luthor sous acide), sans oublier Gal Gadot (irrésistible Wonder Woman), Amy Adams, Diane Lane, Laurence Fishburne, Jeremy Irons, Holly Hunter et Kevin Costner (touchant en papa Superman). Pas mal, non ? Insuffisant, malheureusement, car dans l’éternel sujet de la lutte du Bien contre le Mal, le cinéma nous a déjà proposé bien plus convaincant que ce simili jeu vidéo, pour aussi sophistiqué soit-il.
Robert Pénavayre
Batman v Superman : l’aube de la justice
Durée : 2h33
Harry Cavill – L’homme le plus malchanceux d’Hollywood !
Ce Britannique qui aborde à peine la trentaine s’engage très tôt dans une carrière professionnelle. Il a en effet à peine 18 ans lorsqu’il est sélectionné pour tourner dans Laguna, un thriller de Dennis Berry. La télévision va s’intéresser également à ce jeune homme qui porte plutôt beau sur lui. Mais il va accumuler les mauvais castings côté 7ème art pour des rôles majeurs : Batman, Superman et James Bond ! Ce qui va lui valoir le sobriquet peu flatteur « d’homme le plus malchanceux d’Hollywood ». Cela ne va pas l’empêcher d’être repéré par Woody Allen qui le caste pour Whatever Works. Mais en 2013, ce comédien tient sa revanche en incarnant, enfin, Superman dans Man of Steel. Le film sous rubrique confirme son appropriation de la célèbre cape rouge.