« Saint Amour », un film de Benoît Delépine et Gustave Kervern
A quoi fallait-il s’attendre de la part de ce tandem de réalisateurs nourris au sein de l’élégance grolandaise ?
D’autant plus que le titre du film est sans équivoque, il va ici être question de beaujolais plutôt que de Vichy Célestins. Voici donc le célèbre duo nous mettant en présence d’un autre duo, celui formé par Gérard Depardieu, Jean, le père de Benoît Poelvoorde, Bruno. Ils sont agriculteurs.
La maman a disparu laissant, on le sent bien, un vide et des fractures terribles chez ces deux hommes. Bruno s’est mis à la boisson et, tous les ans, lorsqu’il participe au Salon de l’Agriculture, avec un pote à lui, il fait la Route des vins… en faisant le tour du Salon. Mais cette année, Jean a décidé de « récupérer » son fils et lui propose de l’amener faire la véritable Route des vins. Derechef les voilà dans un taxi conduit par l’improbable Mike (formidable Vincent Lacoste). Conjuguant road movie et buddy movie, le scénario nous fait visiter les plus grands vignobles de France. A chaque étape, une rencontre féminine va marquer ces trois hommes.
Sortes de Messager pasolinien, elles vont révéler bien des choses à ce trio en perdition. Les grolandais se seraient-ils assagis ? Un peu certes mais pas tout à fait assez pour emmener nos chères têtes blondes à la projection de ce film. Cela dit, et malgré quelques scènes toujours un peu limite, malgré aussi une trame finalement hachée, voire désordonnée, ce film aborde de vrais sujets concernant l’Agriculture dont le moindre n’est pas la vie sentimentale de nos chers paysans. Même si ce thème est abordé en creux, il n’en reste pas moins l’un des moteurs de Bruno. Poelvoorde est lâché ici à bride abattue, c’est tout dire…, Gérard Depardieu, en géant serein et plein de poésie est assez convaincant, et la cohorte de femmes de tous âges qui les entoure, absolument épatante (Céline Sallette, Chiara Mastroianni, Andréa Ferréol, etc.). In fine, buvable, point.
Robert Pénavayre