Depuis le 5 février, et ce, jusqu’au 15 mai, ces hauts lieux culturels toulousains que sont l’Espace EDF-Bazacle et le Théâtre et l’Orchestre national du Capitole de Toulouse présentent une exposition qui s’intitule « Costumes en scène ». C’est ainsi que le Théâtre du Capitole peut dévoiler près de trois siècles de trésors accumulés patiemment et vaillamment, comme costumes de scène, décors, instruments de musique, décors variés, tutus bien sûr. Mais il fallait un minimum de mise en scène pour l’ensemble. Ce fut le travail, considérable, mis entre les mains de Valérie Mazarguil, ainsi commissaire de l’exposition. Une forme de délocalisation originale dans un des hauts lieux du patrimoine industriel de la Ville rose, le tout placé sous l’œil bienveillant d’Anne-Laure Klein, responsable de la Délégation Régionale Midi-Pyrénées – EDF.
Pour faire simple, on dira que le but, double, de l’exposition sera atteint si tout visiteur la quitte en ayant d’abord, un aperçu plus poussé de ce lieu lui-même d’exposition, le Bazacle, ce sera penché sur sa propre histoire, et ensuite, une bien meilleure idée de tout le travail nécessaire pour donner un concert, et à plus forte raison, pour donner une représentation d’opéra, imaginer tous les intervenants qui ont œuvré dans l’ombre, en coulisses pour que sur le devant de la scène, le succès soit total, et rejaillisse sur les troupes à l’arrière, un retour pas toujours assuré, c’est vrai. Les bravos s’arrêtent trop souvent au bord de scène.
Personne n’ignore le Théâtre, son Ballet et ses 35 danseurs, son Chœur et ses 45 choristes, sa toute nouvelle maîtrise et ses 50 enfants, et l’Orchestre et ses 125 musiciens, mais en coulisses dans les cintres, en arrière de la scène et sous la scène !! dans des locaux à droite et à gauche, plus de deux cents personnes dont on ignore un peu, beaucoup, l’existence, œuvrent sur décors, costumes, perruques, mises en place, archives et rangements, tout un travail invisible, ou plutôt une somme de travaux qui, non exécutés, font que même un concert ne peut avoir lieu. Ne parlons pas d’un opéra.
L’exposition ne vous dévoilera pas les 17000 costumes, juste quelques-uns mais vous pourrez imaginer les autres. Bien conservés, ils peuvent être amenés à revenir sur scène, au détour d’une reprise ou d’une nouvelle production. Approchez-vous de ceux présentés et constatez, de visu, du travail qu’a nécessité chacun, un travail dont on peut difficilement se rendre compte en tant que spectateur car trop éloigné de la scène.
C’est pareil pour les costumes de ballets dont certains sont somptueux et ont pu nécessiter des dizaines et dizaines d’heures de travail. Ces costumes ne sont pas immuables, se doivent d’être entretenus, réajustés, car la physionomie des artistes changent, et les costumes doivent suivre !! Les costumiers (e) s ou plutôt les habilleuses se devront d’être vigilantes pendant toute la représentation et se préoccuper de ce que devient l’habit. En cas de “pépin“, il faut être là.
Vous verrez des perruques mais vous imaginerez que chacune a été confectionnée et qu’ensuite, il faut l’ajuster à l’artiste en question, ce qui peut prendre des heures encore et même des jours. On dit perruques, mais n’oublions pas les postiches, et tout le poste de maquillages avec produits et accessoires.
Qui dit opéra, dit décors. Il faut construire et décorer, donc, des serruriers, menuisiers, charpentiers, ébénistes, staffeurs, sculpteurs, plâtriers, peintres, laqueurs. Mais ce travail est un peu spécial car les décors n’ont pas les dimensions d’un timbre-poste, et on ne peint pas les décors uniquement avec des pinceaux à trois poils mais plutôt des brosses au bout de manche. Les grandes machineries ne sont plus là, mais de nouvelles techniques permettent de faire bouger les décors. La fée « électricité » est devenue un atout considérable pour les maisons d’opéras. Sans elle, même le rideau de scène reste muet et ne s’ouvre pas. Dans la salle, finis les chandelles et quinquets, et risques d’incendies, même si……
Finalement, une maison d’opéra, c’est une véritable entreprise aux multiples ateliers qui doivent fonctionner de concert, avec tout un petit monde qui s’agite, et un travail rendu dont chacun ne voit pas directement le résultat, un peu comme tous ceux travaillant dans les cuisines d’un trois étoiles dont les mets pourront déclencher des Ah ! d’admiration, qu’ils n’entendront pas !! Une exposition à la gloire de tous ceux qui ne viennent pas saluer sur le bord de scène à la fin d’une représentation.
Michel Grialou
Costumes en Scène
Espace EDF Bazacle
exposition jusqu’au 15 mai 2016
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