Le prochain concert de la saison de musique de chambre des Clefs de Saint-Pierre convoque «Les Folklores imaginaires» de la musique russe. Tchaïkovski, Glazounov, Prokofiev brossent un tableau coloré et divers des influences populaires et religieuses dans le répertoire « savant ». Le quatuor à cordes représente la formation la plus concentrée, la plus intime pour évoquer ce triptyque aux racines si profondément marquées par la riche terre russe.
Comme pour chaque concert de cette attachante série, les musiciens de l’Orchestre national du Capitole quittent leur formation symphonique pour s’investir dans un répertoire plus secret, mais tout aussi intense. Les violonistes Vitaly Rasskazov et Chu-Yan Ying, l’altiste Lambert Chen, et le violoncelliste Gaël Seydoux se réunissent ainsi pour former cet instrument incomparable à seize cordes et huit bras qu’est le quatuor à cordes.
Les musiciens du concert du 11 janvier. De gauche à droite : Gaël Seydoux, violoncelle, Vitaly Rasskazov et Chu-Yan Ying, violons, Lambert Chen, alto
Alexandre Glazounov ouvrira cette soirée du 11 janvier avec l’Allegretto intitulé All’Ungharese, extrait des Cinq Novelettes pour quatuor à cordes op. 15 datant de 1886. Comme son nom l’indique, ce dernier mouvement des Novelettes est écrit dans le style hongrois. Le mode de jeu des cordes suggère fortement la culture tsigane.
Lors de son évacuation à Naltchik (capitale de la république autonome de Kabardino-Balkarie) en 1941 du fait du conflit armé qui menace l’ouest de l’Union Soviétique, Sergueï Prokofiev découvre le folklore local et décide de le combiner à « la plus classique des formes instrumentales qu’est le quatuor à cordes, (afin de) donner des résultats intéressants et inattendus ». Matière rythmique et mélodique, modalité, donnent une partition d’inspiration bartokienne qui recueillit, sinon l’aval des apparatchiks, du moins un succès populaire immédiat lors de sa création. Baptisé « Kabardinian », du nom de la république qui accueille le compositeur, ce quatuor n° 2 se nourrit des thèmes nationaux et populaires de ce terroir.
La seconde partie de la soirée sera consacrée au Quatuor n° 3 en mi bémol mineur op. 30 de Piotr Ilitch Tchaïkovski. Composé à Paris et achevé en Russie de janvier à février 1876, ce dernier des quatuors du compositeur est dédié à la mémoire du violoniste Ferdinand Laub, créateur des deux premiers quatuors, un artiste que Tchaïkovski considérait comme « le meilleur violoniste de notre époque ». Cette partition très élaborée s’ouvre sur un vaste premier mouvement évoquant une marche funèbre de plus de 600 mesures qui développe un thème détaché de la veine populaire russe. Cette dernière se retrouve dans les autres mouvements de l’œuvre, partagés entre la grâce légère du deuxième volet Allegro vivo, l’extraordinaire Requiem instrumental du troisième, Andante funebre e doloroso, et la liesse caractéristique du Finale, Allegro dans lequel la vie reprend ses droits.
Trois portraits de la Russie profonde sont donc au programme de la soirée du 11 janvier.
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse
Renseignements détaillés et réservations au : 06 63 36 02 86.
Email : internotes.toulouse@gmail.com
Internet :
http://lesclefsdesaintpierre.org/
Programme du concert donné le 11 janvier à 20 h à l’auditorium Saint-Pierre des Cuisines
* A. Glazounov
– All’Ungharese, Allegretto extrait des Cinq Novelettes op. 15
* S. Prokofiev
– Quatuor n° 2 en fa majeur op. 92 « Kabardinian »
* P. I. Tchaïkovski
– Quatuor n° 3 en mi bémol mineur op. 30