L’Opéra Bastille affiche une nouvelle production de « la Damnation de Faust » d’Hector Berlioz, dans une mise en scène d’Alvis Hermanis réunissant, sous la direction de Philippe Jordan, le ténor Jonas Kaufmann, la mezzo-soprano Sophie Koch, le baryton Bryn Terfel. Une représentation sera retransmise en direct dans les cinémas UGC, France Musique diffusera la captation d’une représentation.
Hector Berlioz avait déjà composé la « Symphonie fantastique » en 1830, « Roméo et Juliette » en 1839 et « les Nuits d’été » en 1841, lorsque fut créé « la Damnation de Faust ». Le compositeur découvrit en 1928 la première partie de la tragédie de « Faust », de Goethe, parue vingt ans plus tôt : «Je dois encore signaler comme un des incidents remarquables de ma vie, l’impression étrange et profonde que je reçus en lisant pour la première fois le « Faust » de Goethe traduit en français par Gérard de Nerval. Le merveilleux livre me fascina de prime abord ; je ne le quittais plus ; je le lisais sans cesse, à table, au théâtre, dans les rues, partout», rapporte-t-il dans ses « Mémoires ».
C’est alors qu’il entama l’écriture de la musique en s’appuyant uniquement sur les passages versifiés de la traduction. Publiée, cette ébauche portera le titre de « Huit scènes de Faust ». Dix-huit ans plus tard, elle servira de matériau pour l’écriture de « la Damnation de Faust » déclenchée par un séjour en Europe centrale : « Ce fut pendant ce voyage en Autriche, en Hongrie, en Bohême et en Silésie que je commençai la composition de ma légende de Faust, dont je ruminais le plan depuis longtemps.»
Hector Berlioz signe lui-même le livret tout en se libérant de Goethe, ne cherchant «ni à traduire ni même à imiter le chef-d’œuvre, mais à m’en inspirer seulement et à en extraire la substance musicale qui y est contenue». Porté par une fougueuse inspiration, il compose avec une rare facilité : «Une fois lancé, je fis les vers qui me manquaient au fur et à mesure que me venaient les idées musicales. Je composais la partition quand je pouvais et où je pouvais ; en voiture, en chemin de fer, sur les bateaux à vapeur, et même dans les villes, malgré les soins divers auxquels m’obligeaient les concerts que j’avais à y donner».
Berlioz imagina pour sa « Damnation de Faust » une succession de tableaux chantés, comme autant de séquences d’un rêve. Ni opéra, ni oratorio, cette «légende dramatique» a vu le jour à l’Opéra-Comique, en 1846, sous l’appellation «opéra de concert». L’œuvre est dédiée à Franz Liszt qui avait convaincu Berlioz de reprendre la composition de cet ouvrage délaissé durant plusieurs années. À son tour, Liszt dédiera au compositeur français sa « Faust-Symphonie », en 1854.
La mise en scène de cette nouvelle production de l’Opéra de Paris a été confiée au Letton Alvis Hermanis. Il place la scène dans un contexte aussi futuriste qu’audacieux : celui du programme Mars One dont le but est d’installer à l’horizon 2024 une colonie de volontaires sur la planète rouge… Pour son retour sur la scène de l’Opéra Bastille, le ténor allemand Jonas Kaufmann (photo) interprète le rôle-titre sous la direction de Philippe Jordan. À ses côtés, la mezzo-soprano française Sophie Koch tient le rôle de Marguerite et le baryton-basse gallois Bryn Terfel celui de Méphistophélès. Pour compléter cette distribution de haute-volée, le jeune baryton français Edwin Crossley-Mercer est l’interprète de Brander. Une représentation sera retransmise en direct dans les cinémas UGC, et France Musique diffusera la captation d’une représentation.
Jérôme Gac
Jusqu’au 29 décembre, à l’Opéra Bastille, place de la Bastille, Paris.
Tél. : 08 92 89 90 90 (0,34 euros / minute depuis un poste fixe en France).
Jeudi 17 décembre, 19h15, retransmission en direct dans les salles UGC.
Diffusion de l’enregistrement d’une représentation, samedi 2 janvier,
19h30, sur France Musique.
–
photo : « La Damnation de Faust » © Opéra national de Paris