Dans la vie, il y a ceux qui sont tombés dans la marmite de potion magique (comme Obélix) et ceux qui sont tombés dans le chaudron du rock n’ roll. C’est le cas des p’tits londoniens de Kitty, Daisy & Lewis Durham qui ont baigné dès leur plus jeune âge dans la musique en écoutant les standards d’Elvis Presley, de Gene Vincent ou de Johnny Horton alors que d’autres avalaient leur Banania devant Debout Les Zouzous en écoutant « Fais La Poule » de Sebasto…
Il faut dire aussi que les trois rejetons de la famille Durham avaient de qui tenir ! En effet, la maman de ces jeunes gens s’est encanaillée avec The Raincoats tandis que Daddy Grazz le paternel lui, a pas mal roulé sa bosse à droit, à gauche (et même au centre).
Autant dire que les Kitty, Daisy et Lewis ont été élevé dans l’amour du sacro saint rock n’ roll. De là à franchir le pas pour monter un groupe de rock 100% familial avec maman à la basse, papa à la guitare et les frères et sœurs entre les guitares, les claviers et la batterie il n’y avait qu’un pas… que la famille Durham a franchi allègrement dès 2000 !
En l’espace de quelques années, le groupe s’est construit une solide réputation en reprenant à son compte tout un pan de l’univers rock n’ roll 50’s (jusque dans les vêtements vintage) et en sortant un premier album sobrement intitulé « Kitty, Daisy & Lewis » en 2008 qui a connu un joli petit succès de l’autre côté de la manche grâce notamment à l’excellent reprise « Going Up The Country » de Canned Heat et à l’enthousiasme d’un parrain de renom : Mick Jones des Clash. Qui dit mieux ?
En France, le trio Kitty, Daisy & Lewis a su se faire remarquer lors du Rock En Seine de 2009 dans le cadre duquel le groupe a crée LA véritable surprise de ce festival (l’autre véritable surprise du festoche c’était aussi le split d’Oasis quelques minutes avant de monter sur scène…), si bien que les anglais ont remis le couvert lors du Rock En Seine de 2014 histoire de transformer le si bel essai d’il y a quelques années et de faire (re)découvrir « Smoking In Heaven », leur seconde offrande sorti en 2011.
2015. Avec un troisième album sous le bras (« The Third » chez Sunday Best Recording), Kitty, Daisy & Lewis viennent maintenant de passer un nouveau cap en élargissant leur univers typiquement rock n’ roll /country à la papa vers un rock plus moderne et des contrées plus pop à l’image du single « No Action ».
Et même si la qualité était encore une fois au rendez-vous, ce dernier disque a un peu décontenancé les fans de la première heure qui ne s’attendaient pas à un virage (artistique) aussi serré.
Mais qu’importe les critiques, Kitty, Daisy & Lewis sont en tournée pour défendre ce troisième méfait sur scène et semblent toujours faire l’unanimité au fil de leurs nombreux récents concerts.
Autant dire que quand on a appris que le groupe devait poser ses amplis au Bikini – l’antre du rock n’ roll de la ville rose – ce 26 novembre, le public toulousain a bel et bien répondu présent pour accueillir comme il se doit la famille Durham.
Allez, Let’s the music do the talking, comme dirait l’autre !
C’est à 20h45 que le combo foule les planches du Bikini. Maman à la basse, papa à la gratte au fond de la scène, Lewis à la batterie, Kitty à la guitare et Daisy au clavier… En l’espace de quelques mesures, Kitty, Daisy & Lewis vont se mettre dans la poche tout le public avec un « Bitchin’ In The Kitchen » qui en impose. On sent que le groupe est bien rôdé (la tournée a déjà commencé depuis quelques mois…) et l’entame volontairement rentre dedans permet de vite capter l’attention du public. Il faut dire aussi que les belles Kitty et Daisy occupent tout l’espace et font montre d’une sacrée maîtrise musicale aussi bien dans le chant que dans les parties instrumentales. On va en prendre plein les esgourdes et plein les mirettes !
Comme à leur habitude, les rejetons Durham vont jongler entre les instruments et Lewis de passer au clavier tandis que Daisy va partir martyriser la batterie sur « Feeling Wonder » et « Baby Bye Bye » encore des morceaux de « The Third ». Cette fois-ci, aucun doute possible : les titres de « The Third » sont taillés pour le live et mettent d’accord les derniers sceptiques qui n’avaient pas tellement apprécié les incartades musicale de ce dernier opus. On sent que Kitty, Daisy & Lewis maîtrisent parfaitement leur univers et qu’on à affaire ici à une machine bien huilée qui ne souffre d’aucun défaut.
Et même si on sent que le spontanéité n’est pas toujours de mise (le concert semble milimétré et minuté), il faut bien avouer qu’on se laisse vite prendre au jeu au fil de « It Ain’t Your Business », « Don’t Make A Fool Of Me », « Never Get Back » ou de « Turkish Delight » avec en guest le jamaïcain Eddie « Tan Tan » Thorton à la trompette. Avec ce titre purement reggae, KD&L entérine pour de bon leur virage artistique loin du pur rock n’ roll 50’s. Le public est conquis !
Mais chassez le naturel et il revient au galop, la famille Durham va taper là où ça fait mal avec les costauds « Whiskey », « Developer’s Didease » avant sortir la pépite du premier album « Going Up The Country » et porter l’estocade en plein cœur de l’audience de Bikini.
Kitty, Daisy & Lewis, la Sainte trinité du rock n’ roll accompagné de (dieu) le père et de la sainte mère nous a donné une véritable leçon ce soir. Amen.
Vincent B.
Setlist :
Bitchin’ In The Kitchen
Feeling Of Wonder
Baby Bye Bye
It Ain’t Your Business
Don’t Make A fool Out Of Me
Turkish Delight
Whenever You See Me
Good Looking Woman
Never Get Back
No Action
Whiskey
Developer’s Disease
Going Up The Country