La danse toulousaine est en deuil en cette fin d’été. Jérôme Buttazzoni, ancien soliste du Ballet du Capitole a perdu la vie dans les eaux vives de la gorge de Pierre-Lys. Né à Foix, il découvre la danse à l’âge de 13 ans et fait ses premiers pas au Conservatoire de Toulouse, avant d’intégrer, après l’obtention d’un premier prix, l’école de l’Opéra de Paris.
Le Ballet de Monte-Carlo sera sa première compagnie, avant qu’il ne se retrouve à Copenhague, au Ballet Royal du Danemark. La danse le conduira ensuite à la Scala de Milan où il restera un an. En 2004, il revient dans « ses terres » et intègre le Ballet du Capitole en tant que soliste ; compagnie qu’il quittera en fin de carrière en 2011. Il ouvrira alors sa propre école de danse, le Buttazzoni Danse Studio, où il fera profiter de son expérience et de sa passion professionnels et amateurs.
Il avait été l’interprète des plus grands chorégraphes de notre époque de Kylian à Forsythe, de Balanchine à Twyla Tharp, tout en dansant avec un égal talent les princes des grands ballets classiques réglés par Petipa ou Noureev entre autres.
Sur la scène du Capitole nous avions pu apprécier ce danseur élégant et racé, toujours attentif à ses partenaires. Du Lapin Blanc dans l’Alice au Pays des Merveilles de Michel Rahn au Prince de Casse Noisette du même Michel Rahn, de l’Escamillo-Minotauredu Carmen de Davide Bombana, il abordait ces rôles en leur insufflant beaucoup de sa personnalité. En 2010, il avait créé, aux côtés d’Evelyne Spagnol, A nos amours de Kader Belarbi, actuel directeur de la Danse du Ballet du Capitole. Leur superbe technique classique et leur accord parfait sur scène donnaient un rendu saisissant de vérité au couple mûr imaginé par le chorégraphe.
Ses élèves se retrouvent orphelins à la veille de la rentrée de son école, ce studio où, leur disait-il : «Quel que soit votre niveau et vos objectifs, mon but sera de vous transmettre ma connaissance de la danse acquise auprès des plus grands professeurs et chorégraphes de notre époque et de partager avec vous ma passion.»
Les flots jaloux nous privent d’un homme aussi doué pour la danse que pour l’enseignement, mais ils ne peuvent rien contre le souvenir que nous en garderons.
Annie Rodriguez
une chronique de ClassicToulouse