Mad Max Fury Road, c’était LA sortie en matière de blockbuster de cette mi – mai. L’impatience était palpable, la bande – annonce qui inondait généreusement les internets depuis plusieurs mois avait cumulé des centaines de milliers de vues, et pas seulement auprès d’obscures et fanatiques communautés affectionnant le steampunk.
Même votre serviteuse (qui répugne pourtant à visionner le moindre trailer), avait eu tout le mal du monde à ne pas la regarder dans son intégralité. Il me semble en effet qu’on doit user de la bande – annonce avec parcimonie, tout y semble trop beau pour être vrai. Pourtant, force est de reconnaître que dans le cas de Mad Max Fury Road, on doit avoir affaire à l’exception qui confirme la règle.
Dans un monde ravagé par les changements climatiques, la pollution, la sur – industrialisation, seuls ceux équipés d’une paire de bollocks grosses comme un moteur V8 parviennent à survivre.
C’est le cas de Max Rockantasky qui, bien que gentil garçon à la base, a vécu quelques événements traumatisants, le poussant à partir seul sur les routes, en veillant à ne surtout s’attacher à rien ni personne. Capturé par une bande de dégénérés du bulbe, il va être maté et utilisé comme réservoir sanguin puisqu’il connaît la bonne fortune d’être donneur universel.
Sa triste condition pourrait durer ad lib si au sein de la communauté qui le retient prisonnier, une cession n’éclatait. L’impératrice Furiosa, bras droit du super boss Immortan Joe, a fait mine de partir en quête de ravitaillement en embarquant les concubines du chef.
Très à cheval sur la notion de propriété, celui – ci va envoyer ce que ses troupes comptent de plus méchamment motorisé pour ramener ce petit monde au bercail, embarquant au passage un Max relais – sanguin, qui pourrait bien profiter de la baston générale pour se faire la malle et de nouvelles copines.
Diable que ce foutu mercenaire est la hauteur de sa bande – annonce historique !! Les nostalgiques des films précédents (où Mel Gibson incarnait un inoubliable Mad Max) risquent toutefois de se sentir floués par la version 2015.
En effet, celle – ci n’a pas grand – chose à voir avec l’ambiance du Mad Max de la fin des années 70. Si vous étiez fan du minimalisme, de la folie qui émanait du personnage principal, de cette odeur de vieux cuir et de gazole vintage, vous allez à l’encontre d’une déception, l’action se portant sur un autre axe, ne se focalisant plus principalement sur un Max qui devient – presque – un personnage secondaire.
L’évolution de la saga est pourtant intéressante, puisque c’est bien le même George Miller qui se trouve derrière l’intégralité des volets. On ne pourra donc reprocher à aucun réalisateur vénal d’avoir voulu piller l’héritage ou se faire un nom sur les cendres encore chaudes du desperado australien.
Ici, un seul et unique metteur en scène a mûri son projet sur de nombreuses années, puisque cette suite – reboot – sequel (appelez – la comme ça vous chante) est en projet de tournage depuis bientôt 15 ans. En ce qui me concerne, ne conservant qu’un souvenir très flou de ce que furent les 2 premiers épisodes (celui qui m’a marqué, c’est Mad Max – Au delà du dome du tonerre, qui est bien loin de représenter le meilleur de la série), Mad Max Fury Road ne pouvait souffrir d’aucune comparaison d’avec ses prédécesseurs. Je l’ai donc pris comme il était, à savoir un excellent film d’action.
À ce niveau, vous pouvez me croire sur parole, le résultat est sévèrement chiadé. Il est certain que l’ami Miller a bénéficié d’un budget XXL mais l’on sait que les thunes ne font pas tout dans la vie (si tel était le cas, Michael Bay serait le réalisateur le plus cool du monde).
George Miller a su nous épargner ces longs – métrages pontifiants dans lesquels un réalisateur souffrant de se voir étiqueter “ film pour bourrin “ enrobe le tout de métaphores moisies et vaguement philosophiques, de dialogues dont on se passerait plus que volontiers, de sidekick roi de la vanne.
Ici, ce brave George s’est contenté de pondre l’un des films d’action les plus efficaces de ces 10 dernières années (au bas mot !), se focalisant pour en mettre plein la vue au spectateur, veillant à ce qu’il reste en apnée pendant une bonne partie du film tellement tout s’enchaîne à une vitesse folle, tellement les poursuites motorisées sont monstrueuses, les engins rivalisent de surenchère (non mais moi aussi j’en veux une de Mustang – Tank !!),
les bastons bénéficient de chorégraphies d’anthologie (celle entre Max et Furiosa, culte !), les scènes d’action renouvellent un genre tout en bénéficiant à 80 % d’effets spéciaux réalisés à l’ancienne.
On pourrait ergoter longtemps sur les assaillants perchés sur mâts oscillants ou le 4*4 équipé d’une mini – pelle, le mieux c’est quand même d’aller voir ça sur grand écran.
Ça se déchaîne, ça explose à qui mieux mieux, le tout dans une photo carrément magnifique, des paysages désertiques à perte de vue et un monde apocalyptique rempli de tribus de consanguins (quelque chose entre La colline a des yeux et Ken le survivant, inspiré pour sûr de l’univers visuel du livre d’Eli d’Albert Hughes).
La si peu expressive et glaciale Charlize Theron (du moins quand on la voit évoluer hors des plateaux tournage) s’y révèle stupéfiante, emplissant ce rôle très physique comme peu de ses consœurs en seraient capables.
Tom Hardy est parfait dans un exercice qu’il maîtrise sur le bout des doigts : le gros dur charismatique qui grommelle dans sa barbe de 3 jours.
Il évolue face à un Immortan Joe (Hugh Keays – Byrne) au respirateur intégré, évoquant d’autres grands vilains de l’industrie cinématographique (le nom d’un certain Bane venant rapidement à l’esprit).
Je pense qu’il n’est pas nécessaire que je développe davantage, me concernant vous l’aurez compris, pour Mad Max Fury Road c’est un très grand oui.
En vous remerciant.
Pierrette Tchernio