Lors de la projection de Charulata, Natacha Laurent, directrice artistique de la Cinémathèque de Toulouse déclarait : « Nous recevons beaucoup de messages de nos collègues de l’étranger, qui nous demandent tous « Comment avez-vous fait pour trouver tous ces films ? ». La réponse est là ce soir : l’ambassade d’Inde en France a travaillé avec nous depuis un an. Et je tiens à remercier l’ambassadeur et toute son équipe, dont mademoiselle Smita Patil, deuxième Secrétaire auprès de l’Ambassadeur de l’Inde à Paris, pour la proposition qu’ils nous ont faite et la qualité de la collaboration : alors que cette rétrospective nécessite en fait un très gros travail, ça a été très simple car justement les collaborateurs ont été à notre écoute et très disponibles. »
Mademoiselle Smita Patil prendra la parole : « L’Inde et la France partagent beaucoup d’intérêts en commun dont le cinéma. L’Inde a parcouru un long chemin depuis les films muets du début du XXe siècle, et est devenu le plus grand producteur de films au monde. Son public est aussi le plus grand. Aujourd’hui, l’industrie cinématographique indienne, réputée jadis aux spectateurs du pays indien, est plus répandue dans le monde entier. L’Inde a organisé le festival Namasté France, en réciprocité au Festival Bonjour India qu’organise l’ambassade de France en Inde […]. J’aimerais encore une fois renouvelé mes remerciements à tous ceux qui ont oeuvré au sein de la Cinémathèque de Toulouse, conjointement, et avec enthousiasme pour donner l’occasion au public de ce festival de voir quelqu’un des plus grands classiques du cinéma indien. »
Concernant la présentation de Charulata, Natacha Laurent dira : « faut-il présenter Satyajit Ray ?, l’un des plus grands cinéastes du cinéma mondial du cinéma. Le film de ce soir a été créé exactement la même année que la Cinémathèque de Toulouse, en 1964. Il sera Ours d’Or à Berlin en 1965. Satyajit Ray a un peu plus de 40 ans. On considère très souvent que c’est son plus grand film, son chef-d’oeuvre le plus abouti. C’est un film dans lequel vous allez voir un équilibre extraordinaire entre trois dimensions, qui sont très importantes pour Satyajit Ray : la dimension politique, la dimension esthétique avec la littérature et de la musique qui est très forte, et puis la dimension sociale puisque c’est le destin d’une femme indienne. Ce film est aussi un hommage au cinéma, et en particulier au cinéaste Jean Renoir que Satyajit Ray aimait beaucoup. Derrière Chabulata, il y a un film qui est dans la mémoire de nombreux cinéphiles : Une partie de campagne. Pour terminer, je voudrais juste vous lire une phrase que Satyajit Ray avait prononcée à propos de ce film : « C’était un vieux projet, auquel on avait fait beaucoup d’objections. L’héroïne y est amoureuse de son beau-frère et l’on me disait que le public indien n’accepterait pas une situation aussi choquante. Je pensais au contraire qu’il sympathiserait avec la femme. J’avais raison. Le film a eu du succès et personne n’a parlé de son immoralité. »
J’ai donc découvert Charulata à la Cinémathèque. Les craintes liées à une projection en DCP se sont vite dissipées. Le grain, même abîmé, aura toujours plus de charme qu’une copie numérisée lisse à mes yeux. Ici, la copie est vraiment magnifique. L’inventivité de la mise en scène n’a rien à envier aux films actuels. Et cette fin ! J’ai même pensé qu’il y avait un soucis avec le DCP, et non ! Par contre, si quelqu’un peut m’expliquer pourquoi à un moment l’image ondulait comme si le vent soufflait sur un écran en plein air, je suis preneuse, d’autant plus que les sous-titres n’ondulaient pas. J’avoue que ce petit effet n’avait rien de déplaisant, puisqu’il avait le charme des projections dans la cour de la Cinémathèque. Charulata repasse mercredi 13 mai, toutes les séances du panorama des Cinémas d’Inde sont sur le site de la Cinémathèque.