L’Orchestre de Chambre de Toulouse consacre sa série de concerts du mois d’avril à cet instrument à cordes trop longtemps oublié, la viole de gambe. C’est au cinéma que la viole doit son renouveau actuel. On se souvient du succès inattendu remporté par le film Tous les matins du monde, réalisé par Alain Corneau et sorti sur les écrans en 1991. Adapté du roman éponyme de Pascal Quignard, ce film retrace la vie du compositeur et violiste français du XVIIème siècle, Marin Marais. Ainsi le grand public découvrait-il un instrument en voie d’extinction…
La viole de gambe est un instrument à cordes frottées proche du violoncelle, mais équipé de frettes, comme une guitare. Son nom vient de l’italien viola da gamba qui signifie « viole de jambe », par opposition à viola da braccio, « viole de bras ». La première est tenue entre les jambes, comme le violoncelle baroque, à la différence du violoncelle moderne qui est, quant à lui, équipé d’un pique fichée dans le sol. L’archet de la viole, qui adopte la forme d’un arc, est également tenu de façon différente. Le nombre de cordes diffère également. Alors que le violoncelle comporte quatre cordes, la viole en compte six ou sept suivant les instruments.
En outre, la famille des violes compte sept instruments : pardessus de viole, dessus de viole, viole de gambe alto, viole de gambe ténor, basse de viole de gambe, grande basse de viole de gambe, contre basse de viole de gambe. La viole de gambe, ténor ou alto, reste la favorite des compositeurs de l’époque. Le programme de la série de concerts du mois d’avril de l’OCT rassemble des partitions de ceux qui ont magnifié cet instrument de l’intimité et de la concentration.
Marin Marais représente le pivot de ce répertoire. Dans son ouvrage polémique, « Défense de la basse de viole », publié en 1740, Hubert le Blanc compare Marin Marais à son jeune contemporain Antoine Forqueray, surnommant le premier l’Ange de la viole, et le second le Diable ! C’est que la caractéristique principale de Marais, pur représentant du style français qui s’oppose à l’époque au style italien déferlant sur l’Europe, est de ne jamais laisser son incroyable virtuosité prendre le pas sur les émotions qu’il veut transmettre. Trois de ses œuvres sont inscrites au programme des concerts de l’OCT.
Dernier virtuose de la viole de gambe et compositeur de nombreuses partitions pour cet instrument, Karl Friedrich Abel (1723-1787) fut probablement l’élève de Johann Sebastian Bach. Sa Suite en ré mineur sera également jouée.
Si Marin Marais doit sa renaissance actuelle au film « Tous les Matins du Monde », quel cinéaste rendra la même justice à Buxtehude, pour l’enseignement duquel le jeune Johann Sebastian Bach ira à pied d’Arnstadt à Lübeck soit plus de 400 km ? Sa Sonate en trio en la mineur voisinera avec la Sonate en sol majeur pour viole de gambe et continuo BWV 1027 de Bach.
C’est à Anne Gaurier, violoncelle solo de l’orchestre et virtuose familière de la viole de gambe, qu’échoit la tâche de soliste essentielle de ces concerts auxquels sont associés Gilles Collard, au violon, et Samuel Crowther au clavecin, artisan du continuo.
Serge Chauzy
une chronique de Classic Toulouse
Orchestre de Chambre de Toulouse
Gilles Colliard (directeur musical)
Anne Gaurier (viole de Gambe)
Auditorium St-Pierre des Cuisines
jeudi 2 et mardi 7 avril à 20h30
L’Escale de Tournefeuille
mercredi 8 et jeudi 9 avril à 20h30
Orchestre de Chambre
Réservation
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