Cinélatino, 27e édtion, n’est pas terminée, mais j’ai vu le dernier film de la compétition fiction hier soir, tard, donc je peux enfin établir un classement des 12 films proposés, du meilleur aux moins bons. Ce classement étant totalement subjectif, puisque réalisé avec l’aide de moi et de moi-même.
Le meilleur film : LA MUJER DE BARRO (La femme de boue) de Sergio Castro San Martin.
Le sujet : Maria, mère célibataire, doit laisser sa fille à une amie pour aller faire les récoltes dans une exploitation, travail qu’elle n’avait pas fait depuis des années. Catalina Saavedra, dans ce rôle silencieux, quasi sans dialogue, propose un portrait de femme digne et déterminée. Si le rôle est comme on dit « fort », il faut une grande actrice pour l’incarner : elle porte ce film du premier au dernier plan. On comprend qu’elle a quitté ce travail suite un à traumatisme, qu’elle y revient car elle n’a pas le choix. Malgré tout, un grand rôle ne fait pas forcément un grand film. Ici, on a les deux. Sergio Castro San Martin est un très grand réalisateur : la photo, le son, le cadrage, la mise en scène. Aucun plan n’est inutile. Il met fait passer par toutes les émotions, du sourire à la douleur, en évitant le pathos et le misérabilisme. Et quelle fin parfaite !
Les très bons films :
IXCANUL de Jayro Bustamente
Encore un portrait de femme : Avant le mariage arrangé avec le chef de l’explotation agricole où travaille sa famille, Maria tombe enceinte d’un employé qui quittera le pays. Jayro Bustamente réussit à faire cotoyer traditions et modernité, désirs et devoirs, en proposant cette fiction inspirée d’une histoire vraie.
LA TIRISA de Jorge Perez Solano
Ce n’est pas un portrait de femme, mais deux : Cheba accouche seule de son bébé conçu avec son amant, Silvestre, alors que son mari a quitté le domicile pour aller gagner de l’argent pour la famille. La belle-fille de Silvestre, Angela, est elle aussi enceinte, puisqu’il absuse d’elle. Dans ce monde d’hommes, Jorge Perez Solano propose une explosion de l’unité familiale, avec beaucoup de poésie et de grotesque.
MARIPOSA de Marco Berger
Première scène, une jeune mère abandonne dans la fôret un bébé dans une couverture brodée Romana. Deuxième scène, la même jeune mère tient le même enfant dans ses bras, mais au moment où elle allait l’abondonner dans la fôret, elle voit un papillon battre ses ailes, et change d’avis, elle retourne chez elle avec le bébé. On suit donc deux Romana, une adoptée dans une famille où elle a pour frère German, une qui n’a pas été abandonnée et qui croise German. Dans les deux cas, Romana et German sont attirés l’un par l’autre, mais dans un cas, ils sont frères et soeurs, et dans l’autre amis. Le film suit ces deux mondes, simultanément. Le spectateur n’est jamais perdu, mais toujours surpris. par une finesse de montage rarement vue. Marco Berger est le réalisateur de la sensualité cette année.
Les bons films, mais qui me touchent moins : AURORA, AUSENCIA, LA OBRA DEL SIGLA, NN, MAR.
Le film qui part bien, et c’est tout : BEIRA MAR, ou le film qui part mal, déjà vu, mais qui propose des belles scènes (mais ça suffit pas) : DOS DISPAROS.
Les films où je me suis dit que le choix « je n’aime pas trop » proposé sur le bulletin de vote est très très généreux dans sa formulation : SI JE SUIS PERDU, CE N’EST PAS GRAVE
Palmarès ce soir !