L’Orchestre de Chambre de Toulouse et son directeur Gilles Colliard aiment bien lancer des défis. Le programme de leurs prochains concerts d’abonnement en témoigne de manière originale. Le romantisme de Robert Schumann s’y trouve associé, confronté peut-être, à celui, clairement contemporain, de Gilles Colliard compositeur. Pour mener à bien ce dialogue au-delà des siècles, l’OCT invite un duo de jeunes et grands artistes récemment révélé, celui qui rassemble le violoncelliste Anthony Leroy et la pianiste Sandra Moubarak.
Schumann incarne le symbole le plus significatif du Romantisme musical. Son œuvre, mais aussi sa vie, ressemblent à une définition de ce Romantisme venu d’Allemagne. Ses partitions, libérées du poids formel du classicisme, s’épanouissent principalement dans l’expression des contrastes, de cette « Fantasie » du monde germanique, synonyme d’imagination. Le drame de la folie qui endeuille la fin de sa vie rajoute encore un élément tragique à son image. Schumann serait-il le plus romantique des compositeurs romantiques ? D’après Gilles Colliard, c’est en tous cas le plus mélancolique.
Thème récurrent de cette période, la mélancolie s’exprime partout en littérature ou en poésie. « La mélancolie est un crépuscule. La souffrance s’y fond dans une sombre joie. La mélancolie c’est le bonheur d’être triste. » écrit Victor Hugo, et ces mots peuvent être repris tels quels pour caractériser la musique de Schumann. On a beaucoup écrit sur la folie du compositeur, mais on a peu de certitudes. Clara son épouse a veillé à ce que la postérité ne sache pas tout et ne s’est pas privée de détruire certains documents. Est-ce si important de savoir ce qui conduisit le compositeur à la démence ? Cela nous aiderait-il à mieux « comprendre » cette musique dont on ne sort pas indemne ? Non sans aucun doute !
Comme toute œuvre importante, celle de Schumann dépasse son créateur pour s’adresser à tous les hommes. Gilles Colliard voue une véritable passion à ce compositeur si « personnel ». Pour ce programme musical, il a réalisé l’arrangement pour cordes de son Concerto pour violoncelle opus 129 en la mineuret de ses Six études pour piano.Il a surtout souhaité lui rendre un hommage appuyé en écrivant un double concerto pour violoncelle et piano qui fera donc l’objet d’une création mondiale lors de ces quatre concerts des 16, 17, 19 et 20 mars.
Le duo Anthony Leroy – Sandra Moubarak, uni en musique comme à la ville est l’invité de ce programme. En décidant de se consacrer pleinement au duo, chose rare et précieuse sur la scène musicale, ces deux artistes attachants en exploitent avec un magnifique talent toutes les richesses, explorant des sentiers souvent insoupçonnés. En 2004, le duo créé la sensation en voyant son deuxième disque, consacré à Mendelssohn, couronné de multiples récompenses : Diapason d’Or de l’Année, Choc du Monde de la Musique, Coup de Cœur Piano Magazine, sélection Arte. Auparavant, les deux musiciens avaient consacré un premier enregistrement à Rubinstein, déjà plébiscité par la presse (5 Diapasons, Sélection Le Monde, 10 de Répertoire, Recommandé Classica,…). Leur troisième disque consacré à Brahms reçoit également un accueil très élogieux en Europe mais aussi outre-Atlantique (Etats-Unis, Canada…). Leur dernier album (chez Decca) autour de l’univers musical de Marcel Proust a reçu un magnifique accueil de la part du public et des critiques.
Harmonie, sensibilité, délicatesse, brillance, jeu coloré, rien d’étonnant à ce que le duo Anthony Leroy et Sandra Moubarak figure parmi les trente artistes internationaux révélés par le Monde de la Musique aux côtés, entre autres, de Cécilia Bartoli, des frères Capuçon, de Natalie Dessay ou d’Hélène Grimaud…
Serge Chauzy
Une Chronique de Classic Toulouse
lundi 16 et mardi 17 mars à 20h30
L’Escale de Tournefeuille
jeudi 19 et vendredi 20 mars à 20h30
Auditorium St-Pierre des Cuisines (Toulouse)
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