« Un homme idéal », un film de Yann Gozlan
C’est dans une véritable course à l’abîme que ce jeune réalisateur va précipiter Mathieu, écrivain en panne d’inspiration et souhaitant plus que tout au monde être publié. Mathieu n’a pas trente ans et doit s’assumer financièrement. Il est devenu déménageur. Un beau jour, il vide l’appartement d’un vieil homme qui vient de décéder. Tout doit disparaître. Mathieu jette un œil curieux sur tous ces souvenirs qui vont partir en fumée. C’est là qu’il tombe sur un manuscrit. Dont il s’empare. Il va passer la nuit suivante à le lire. C’est un livre sur la Guerre d’Algérie d’une incroyable puissance d’évocation. Il va alors faire le geste qui le perdra. Il recopie ce manuscrit, le signe de son nom et l’envoie à un éditeur. La réponse est fulgurante. En un clin d’œil il est édité et obtient même le Renaudot. De cocktails en réceptions, il va faire la connaissance de l’héritière de la famille Fursac. Entre les deux jeunes gens, c’est le coup de foudre. Lui qui n’était rien devient un intime d’une famille richissime. Tout irait bien sans l’intervention d’un homme qui a reconnu dans le livre de Mathieu le récit de guerre de son frère. Soumis à un chantage, Mathieu va commettre un vol chez ses futurs beaux-parents. Un familier de la maison s’en aperçoit. Il ne reste plus à Mathieu qu’à accomplir le geste par lequel il va se livrer à Satan pour jamais. La course à l’abîme commence et s’arrêtera dans une scène finale stupéfiante. Pour Mathieu l’enfer sera sur Terre… Même si l’on peut facilement déceler quelques facilités scénaristiques, on reste confondu par la maîtrise de l’essentiel du geste cinématographique de Yan Gozlan : lumière, direction d’acteurs, montage, cadrage, sens de l’action et du suspense. Tout cela et bien d’autres choses indiquent un talent à suivre attentivement. Soulignons quand même qu’il a choisi pour incarner ce héros faustien des temps modernes, rien moins que Pierre Niney. Pour son premier thriller, ce jeune comédien (du Français svp !) nous montre encore une fois l’étendue de son art. Et ce n’est pas peu dire !
Robert Pénavayre