« L’Art de la Fugue » de Brice Cauvin
Faire une référence explicite, dans le titre, avec l’un des sommets de la culture occidentale signé du Cantor de Leipzig, J S Bach, est tout de même un peu téméraire. Voire gonflé ! Surtout quand on voit la suite. Le second long de ce réalisateur a tout pour plaire. Sauf qu’il faillit ne jamais voir le jour et que l’on sent bien parfois une réalisation et un montage un peu hâtifs. Le pitch n’est pas nouveau, sauf qu’il est plutôt ici branché. Soit donc trois frères aux vies professionnelles assez divergentes, et leurs parents (Marie Christine Barrault et Guy Marchand pas tout à fait convaincants), gérants d’un magasin de vêtements un peu à la dérive. Déjà, chez ces derniers, entrés dans l’âge, on sent bien quelques failles sentimentales. Mais le pompon en la matière revient aux trois frangins. Pour faire simple : Antoine (Laurent Lafitte, de plus en plus épatant) vit avec Adar (Bruno Putzulu, toujours aussi exact) mais lorgne sérieusement sur Alexis (Arthur Igual, ravageur), Gérard (Benjamin Biolay, bof…) au chômage, ne se remet pas de son divorce avec Hélène et se transforme en épave, Louis (Nicolas Bedos, un rien en dessous) doit se marier de force avec Julie mais ne rêve que de Mathilde. Au milieu, Ariel (Agnès Jaoui, en surjeu constant) essaie de se trouver non sans mal un copain. Bref, tout cela part en vrille. Heureusement, le film tourne surtout autour d’Antoine et de ses errances sentimentales. Et c’est une chance car c’est dans ses scènes que l’émotion, le doute et la peur (les thèmes du scénario) affleurent avec une acuité et une justesse de ton qui, malheureusement, ne suffisent pas à sauver cette réalisation. Dommage, mais, si l’on en croit le long article que Télérama (n° 3399) lui consacre, il y aurait des circonstances…
Robert Pénavayre