« Les souvenirs », un film de Jean-Paul Rouve
Prenez un réalisateur, Jean-Paul Rouve, issu des Robins des bois, un acteur, Michel Blanc, sorti du Splendid, une comédienne, Chantal Lauby, qui fit les beaux jours des Nuls, enfin un premier rôle, Annie Cordy, synonyme de bonne humeur voire de franche rigolade. Voilà le casting de Jean-Paul Rouve pour cette comédie…dramatique ! Alors, bien sûr, de l’eau a coulé sous les ponts depuis les débuts de ces carrières. Le talent a fait le reste. Le film s’ouvre sur un enterrement et s’achèvera sur un autre. Il y a plus fun, me direz-vous. C’est vrai. Et c’est d’autant plus vrai que le cinéaste assume pleinement le fait. S’il avait pu, il aurait titré son film Les choses de la vie, mais il semblerait que ce soit déjà pris… Et pourtant c’est bien de cela qu’il s’agit ici. Dans le panorama nous trouvons un couple dans la soixantaine qui se déchire, une grand-mère qu’il faut mettre définitivement en maison de repos, ce qui permettra illico de vendre sa maison, un départ à la retraite pathétique, une fratrie en ébullition. Quel spectacle ! Sauf qu’au milieu déambule le fils et petit-fils de ces héros d’une vie ordinaire. C’est Romain. Optimiste par-dessus tout, il a 23 ans et va régler tout ce petit monde sur une musique en tonalité majeure. Normal, Mathieu Spinosi, violoniste de son état, n’est autre que le fiston de Jean-Christophe Spinosi, fondateur et maestro de l’Ensemble Matheus. Il va même mettre son coloc Karim (William Lebghil, savoureux) sur la voie d’une certaine rédemption familiale. Et au milieu de tout cela il tombe en amour avec la belle Louise (craquante Flore Bonaventura). Adapté d’un roman signé David Foenkinos, du moins pour les deux tiers environ du livre, ce film nous parle subtilement des nouveaux rapports intergénérationnels. Et c’est tout naturellement que Romain part à la recherche de sa grand-mère disparue de sa maison de retraite. L’histoire commence. Sensible, vrai, émouvant, un film-miroir dont on ne peut nier la justesse de ton.
Robert Pénavayre