Aujourd’hui, je ne vous assommerai pas d’une introduction sur ma haine d’un quelconque support média, je ne déclarerai pas ma flamme à un réalisateur, je n’aurai même pas de mise en garde particulière à vous faire à propos du film du jour. Non, aujourd’hui on va faire simple et aller directement au cœur du sujet.
Lili adore son chien, Hagen. Mais là où elle vit, une loi visant à privilégier les cabots de race, discrimine les bâtards et taxe leurs propriétaires.
Pour les 3 mois à venir, elle est confiée aux bons soins de son père qui ne peut supporter ce compagnon à 4 pattes, symbole de son mariage raté avec la mère de la gamine.
Pour sauver son chien de la fourrière, Lili fugue avec Hagen. Elle est rapidement retrouvée par un paternel hors de lui, qui fourre sa fille dans la voiture, démarre en trombe en laissant l’animal sur le bord de la route.
Alors que Lili va tout tenter pour le retrouver, Hagen va apprendre à se débrouiller seul et se muer peu à peu, au contact de la cruauté humaine, en véritable machine punitive.
Dans le genre » petit film débarqué d’on ne sait trop où (enfin si, on sait un peu quand même, de Hongrie) mais doté de grands effets « , White god se pose là.
Si les 2 personnages principaux de Kornèl Mundruczo sont bien une gamine de 12 ans et un chien, on se trouve pourtant à des bornes d’un conte sur l’amour immodéré d’un enfant pour son animal (et qui tous 2 sauront triompher de l’adversité et des innombrables écueils rencontrés sur la route). White god est un film adulte, assez déroutant et pour le moins original.
Sous ses airs de lointain cousin de Cujo, il dénonce le peu de crédit accordé à la parole de l’enfant, l’absurdité de lois (à travers notamment la propagande mise en place contre les chiens bâtards, que l’on peut rapprocher sans peine d’actualités brûlantes) et la violence indicible faite aux animaux.
Jouant sur une mise en scène simple mais bénéficiant d’un joli sens du cadrage, passant alternativement du parcours de Lili à celui d’Hagen, le film prend d’ailleurs tout son sens lorsque le réalisateur suit ce qui arrive à ce dernier.
Il donne à l’animal une dimension extraordinaire, suivant sa lente transformation, l’humanisant alors qu’il devient de plus en plus implacable (tout aussi intéressant que très dérangeant paradoxe), affichant son élection en chef de meute, initiateur d’une vengeance inexorable.
Cela donne des images d’une grande beauté et d’une rare force, où des dizaines de chiens cavalent dans les rues, semant destruction et panique sur leurs passages.
Au – delà du défi technique qu’à dû représenter ce tour de force (pas simple de faire cohabiter autant d’animaux sur un même tournage), White god véhicule un message fort.
Servi par une belle photo, le film l’est tout autant par ses comédiens humains (dont la toute jeune et brillante Zsofia Psotta) qu’à poil long.
Récompensé lors du dernier festival de Cannes par le prix Un certain regard, on espère vivement que cette gratification (amplement méritée) donnera à Kornèl Mundruczo toute la visibilité qu’il mérite.
En vous remerciant.
PIerrette Tchernio