« Les Poings contre les murs », un film de David Mackenzie
Encore un film sur l’univers carcéral, me direz-vous. En fait, oui et non. Oui car indiscutablement le huis clos de cette réalisation et bien celui d’une prison (une vraie d’ailleurs).Non, car le réalisateur va inclure dans ce monde régi par la violence et la loi du plus fort, dans lequel seuls les corps ont droit de cité, un biais original. Eric, jeune homme de dix-neuf ans, broyé par une enfance tourmentée, a mal tourné. Récidiviste, il est jugé comme dangereux et c’est pourquoi il est incarcéré dans une prison pour adultes. C’est là qu’il va retrouver quelqu’un qu’il n’a jamais vu, devenu aujourd’hui l’un des caïds de cette taule : son père. Entre ces deux êtres toute communication semble impossible. Le jeune lion fou se débat tel un animal en cage, ne comprend pas les codes qui devraient lui permettre de survivre. Mais à la suite d’une violente thérapie de groupe, Eric va commencer à s’apaiser. Les deux hommes vont-ils enfin se reconnaître ? Elle est là l’originalité de ce film et il n’est rien de dire combien David Mackenzie, précieusement conseillé par son scénariste, exfiltre rapidement son film des clichés redondants sur ce milieu pour insuffler in fine à cette production le souffle de la tragédie grecque. Porté par des comédiens exceptionnels d’engagement, le film repose cependant sur les épaules d’un jeune britannique de 25 ans : Jack O’Connell. Retenez bien ce nom car il va être la star du biopic d’Angelina Jolie sur la vie de Louis Zamperini. Il compose ici un Eric complexe, incapable de gérer ses pulsions, ne donnant la parole qu’à ses muscles. Il assume avec une remarquable maîtrise la transition vers l’oralité qui lui ouvrira les portes d’une certaine paix. Déconseillé aux moins de 12 ans, ce film n’en est pas moins l’un des meilleurs qui se puissent voir aujourd’hui.
Robert Pénavayre