Parmi les « 50 ans, 50 moments de cinéma » de la Cinémathèque de Toulouse, le moment 27 sera une soirée avec Sébastien Lifshitz, le mercredi 18 juin. Il présentera ses deux derniers documentaires « Les Invisibles » et « Bambi ». Lors d’une interview réalisée le 10 juin dernier, j’ai pu lui demander les films qu’il aimait. Bonne lecture !
1) Le film qui vous a causé votre premier choc cinématographique.
Je me souviens que, enfant, il y a deux films qui m’ont marqué et qui se rejoignent, c’est Blanche-Neige de Walt Disney et La Belle et la Bête. Ce sont deux contes qui travaillent beaucoup la notion de la peur. Cette idée de la forêt qui abrite un monde à part dans lequel il y a une sorte de peuple, d’individus, un peu étranges, décalés et où la magie et tous les artifices du conte sont présents. Et je sais qu’enfant, j’étais assez fasciné par ces deux histoires, elles me mettaient presque dans un rapport d’hypnose.
2) Le film qui vous a fait dire “je veux être réalisateur”
Je ne pense pas que c’est un film qui m’a poussé à ça, je pense plutôt à des œuvres, des cinéastes qui m’ont donné envie de faire du cinéma. Je pense à Hitchcock et à Dreyer.
3) Le film que vous offrez le plus.
Je ne sais pas.
4) Le film que vous ne vous lassez pas de revoir.
Mais elles sont dures vos questions ! (rires) L’aventure de Mme Muir.
5) Le film qui vous fait dire “il devrait être obligatoire au Bac !”
M le maudit
6) Le film qui vous fait dire “c’est mon histoire ça !” (un film dont vous êtes le réalisateur serait une réponse trop facile).
Je ne sais pas.
7) Le film dont vous avez repoussé le visionnage à cause d’un gros préjugé et qui vous fait dire ”les préjugés, c’est tout pourri”.
Par exemple, j’adore les films catastrophes. Le jour d’après, 2012 ou encore Cloverfield par exemples, sont des films que j’aime beaucoup, que je trouve très forts. Il y a aussi le film avec Will Smith où il est à New-York, Je suis une légende. Je trouve ces films passionnants, ce sont des contes contemporains qui jouent sur une imagerie de l’Apocalypse et je les trouve vraiment puissants. Ils englobent le monde et son destin. Souvent, ils me marquent et me renvoient à ce rapport que j’avais enfant au cinéma à grands spectacles.
8) Le film dont vos amis disent « tu regardes ça toi ? »
Je peux répondre les mêmes titres justement. Ça peut surprendre que j’aime beaucoup les films catastrophes.
9) Le film que vous n’avez jamais rendu à son propriétaire… d’ailleurs, il peut toujours courir pour le récupérer.
Il se trouve que j’ai un DVD depuis très longtemps ici, qui est un DVD de Chris Marker sur le film La Jetée, que je n’ai toujours pas rendu et il faudrait que je le fasse d’ailleurs.
10) Le film qui vous fait voyager et qui vous a décidé à aller dans les lieux décrits.
Je dirais tout le cinéma américain qui m’a fait allé aux États-Unis.
11) Le film qui vous enracine.
Il y a un film d’Ophüls qui s’appelle Le Plaisir que j’aime beaucoup. Il y a quelque chose dans un rapport à la nature, aux paysages français, qui me touche énormément, qui me rappelle des promenades en campagne, en forêt, que j’ai pu faire enfant. Cela me renvoie à une culture française à laquelle je suis très sensible.
12) Le film qui devrait être remboursé par la sécurité sociale.
Je ne sais pas.
13) Le film qui ne vous quitte pas.
Ce sont des questions un peu définitives, comme s’il n’y avait qu’un film. Mais je ne marche pas comme ça. Un film n’a pas ce pouvoir sur moi. C’est plutôt une multitude de films ou des œuvres, et puis il n’y a pas que le cinéma. J’ai fait des études d’Histoire de l’Art, alors je suis aussi très imprégné par la photographie, la peinture. Il y a tout ça qui vient se mêler quand je travaille. Et puis il y a la réalité tout simplement.
14) Le film dont vous pouvez réciter des dialogues par cœur (non… un film dont vous êtes le réalisateur serait une réponse trop facile).
Pareil. Je n’ai pas du tout ce rapport fétichiste au cinéma.
15) Le film qui est votre dernier coup de cœur.
Je suis allé voir le dernier film de Cronenberg, Maps to the stars, que j’ai beaucoup aimé. Je l’ai trouvé gonflé par sa cruauté, sa violence, cette galerie de personnages monstrueux. Le film m’a saisi, et j’ai senti que dans la salle il distillait un malaise. Je voyais que les spectateurs n’étaient pas tous en accord avec le film, à cause de cette violence qui n’est pas que physique, elle est aussi psychologique, assez transgressive au vu des relations décrites. C’est un espèce de jeu de massacre très macabre que j’ai trouvé très fort, et on sent qu’il vise le public.