Le film « Une Histoire banale », inédit à Toulouse, sera en projection unique au Cinéma ABC Toulouse ce soir à 21h, suivie d’un débat avec le CIDFF (Centre d’information des droits des femmes et de la famille) et Le Planning Familial.
Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs.
Synopsis : Jeune femme de 30 ans, Nathalie a une vie active simple et agréable, travaillant dans le domaine de la santé, sortant souvent entre amis et collègues de boulot. Joyeuse, rêveuse, amoureuse, elle se prépare à emménager bientôt avec son fiancé. Mais un soir, tout va basculer en quelques minutes. Une histoire banale, mais qui laisse des traces.
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Le sujet fait échos à chanson « Quand c’est non c’est non » du dernier album de Jeanne Cherhal, qu’elle chante avec les Françoises (Camille, La Grande Sophie, Emily Loiseau, Olivia Ruiz, Rosemary Standley) dont voici les 1eres strophes :
Il était une fois
une fois ou mille
un homme comme toi
un homme tranquille
qui dans un désir
violent et soudain
voulut parvenir
trop vite à ses fins
avec la finesse
qu’ont parfois les bêtes
face à la princesse
il se dit « suis-je bête
entre hauts et bas
souvent femmes varie
si elle se débat
c’est pour mieux dire oui »
Plus j’écoute son album, « Histoire de J. », plus je me dis que Jeanne Cherhal est la fille spirituelle de Michel Berger et de Véronique Sanson. L’album est disponible partout, et chez moi. Passez, je vous le prêterai avec plaisir.
Du film, je ne peux pas vous en dire plus, puisque je ne l’ai pas vu. Par contre, je connais quelqu’un, Caroline, qui l’a vu, qui a écrit un billet dessus. Elle n’est pas la seule, mais elle est une des rares personnes dont les points de vue m’intéressent, m’interpellent, et ce, quelque soit le sujet abordé. Et son style me fait autant d’effet qu’un Banoffee accompagné d’un chocolat chaud à l’ancienne. Ou d’un mijoto. Bref, j’aime.
Je ne connais pas Caroline personnellement, mais elle a accepté que je recopie ses mots ici. Qu’elle en soit une nouvelle fois remerciée ! Merci ! Merci ! Merci !
Son blog est http://www.penseesbycaro.fr/
Voici son billet du 13 avril, recopié ici
Une histoire banale, ou l’anatomie d’un viol
C’est un film coup de poing, réalisé par une jeune femme qui, lasse d’attendre des financements pour tourner a décidé de faire avec le minimum, à savoir 8000 euros récoltés notamment grâce au “crowd funding”. Bien sûr, cette économie de moyens se ressent. Peu de décors, pas des masses d’acteurs et de figurants, des plans serrés. Mais finalement, plutôt que de desservir le propos, cet ascétisme le met plus en avant. Parce que l’histoire “banale” qu’Audrey Estrougo raconte n’a pas besoin de fioritures et se suffit à elle même.
D’autant que cette merveilleuse actrice, Marie Denarnaud, vue dans Les corps impatients, habite littéralement le film. Et se laisser porter par les saisons qui passent sur son si beau visage permet de saisir toute l’essence de cette œuvre si singulière.
Le pitch tient en quelques mots: Nath, jeune infirmière pleine d’amour et de vie, dingue de Wilson, son fiancé expatrié à Bruxelles pour quelques mois, part un soir faire la fête avec sa belle sœur. En boite, elle croise un collègue, Damien. Un gars gentil en apparence, dont les coups de fils un peu insistants ces derniers temps ne plaisent pas plus que ça à Nath, sans pour autant l’inquiéter outre mesure.
Sauf que Damien n’est pas si gentil et que, sous prétexte de la raccompagner chez elle, il la viole, comme ça, en quelques secondes à peine, profitant de cette sidération que de nombreuses victimes racontent après coup.
Le film commence véritablement là, après que la vie parfaite ou presque de Nath explose en mille morceaux. En peu de mots, sans effets de manche, sans larmoiements ou démagogie, Audrey Estrougo montre la désintégration de Nath, la peur, panique, les tentatives désespérées de reprendre le contrôle, les heures passées à se frotter sous la douche pour faire partir la “saleté”. La culpabilité, l’incompréhension des proches, le combat avec soi même pour respirer à nouveau.
C’est un film coup de poing, une démonstration implacable des conséquences dévastatrices du viol. C’est le portrait d’une femme aussi, qui refuse d’être pour toujours une victime.
Il n’y a que peu de copies d’Une histoire banale et qui dit peu de moyens dit peu de communication. Malgré tout, les critiques sont unanimes quant à la qualité de ce film et sa portée militante. Si d’aventure il passait près de chez vous, je vous le conseille vivement. Parce que personnellement, j’ai hâte de voir le prochain opus d’Audrey Estrougo. En espérant d’ailleurs que la si talentueuse Marie Denarnaud soit de la partie…
Pour en savoir plus sur le film et la réalisatrice, le dossier de presse est ici.
Edit: J’y suis allée avec la Chérie, 14 ans dans quelques jours. Je pense que c’était peut-être un peu tôt, certaines scènes sont un peu rudes, pas tant celle du viol que d’autres, après. Mais cela nous a permis de pas mal parler de tout cela, du “non” qui doit être entendu par l’autre comme une fin de non recevoir, du fait que l’on est jamais responsable d’avoir été violée, de l’importance de la parole et de la plainte. Bref, au final, même si je ne suis pas certaine d’avoir eu raison de l’emmener, je crois que ça n’était pas insensé non plus.
Edit2: Promis, la prochaine chronique “culture”, je la fais sur Cyril Hanouna.