Allemagne, 1912. Friederich Zeitz, ingénieur fraîchement diplômé, intègre l’entreprise de Karl Hoffmeister.
Les conditions de travail sont monacales, pour être pris au sérieux on se doit de faire ses preuves, mais le jeune homme plein d’ambition s’investit comme un damné dans sa nouvelle fonction (il aurait comme qui dirait une revanche à prendre sur la vie). Ses efforts s’avèrent payants car au fil du temps, il accède à de plus grandes responsabilités.
Souffrant de problèmes de santé, Mr Hoffmeister va même en faire son bras droit, lui confiant la gestion de son entreprise, en échange d’un rapport quotidien qu’il viendra lui délivrer à domicile.
C’est de cette façon que Friederich va rencontrer Charlotte, son épouse.
Belle, fraîche, pétillante et pleine de vie, elle éveille chez le jeune homme des sentiments qui le bouleversent. Bientôt, Friederich se retrouve tiraillé entre son respect pour celui qui l’a engagé et son besoin irrépressible de se retrouver au plus proche de celle qui le trouble.
Finalement, je ne sais pas si les pelotes de laine et les chatons mignons ont remporté la bataille, une chose est sûre, le romantisme est à nouveau passé par moi. À ma décharge, Une promesse explore une autre voie du genre (vous connaissez la meuf qui trouvait TOUJOURS une échappatoire ?) puisque le français Patrice Leconte adapte ici une nouvelle du viennois Stefan Zweig, » le voyage dans le passé « . L’écrivain mélancolique, sombre voire désespéré (puisqu’il se donna la mort dans les années 40), ami de Freud et traducteur de Verlaine, est connu pour retranscrire les désillusions amoureuses, l’attente, mais aussi les carcans de l’époque et de la société dans laquelle il vivait.
Si l’idée de départ était de respecter le plus fidèlement possible les écrits de Zweig et de s’entourer d’acteurs du cru, Patrice Leconte s’en écarta et opta finalement pour des acteurs d’origine britannique (sans que cela ne pose de réel problème d’ailleurs).
Sa prise de risque quant à l’adaptation s’est arrêté là. On pourrait reprocher au film de souffrir du syndrome du bon élève, de celui qui entrave le souffle dévastateur des sentiments. Effectivement, insuffler un peu de modernité à cette histoire n’aurait pas été de trop.
D’un autre côté, beaucoup de soins ont été apporté aux décors, aux costumes, permettant un réel voyage dans cette Allemagne du début du siècle où deux amoureux sont tout entiers dévoués à leurs émois, oubliant le sourd grondement du conflit qui s’annonce.
Pour son premier grand rôle post Game of Thrones, Richard Madden a su faire de meilleurs choix que son collègue Kit Harrington (sans dec, personne n’aurait pu lui dire à Jon Snow que de cavaler en jupette au pied d’un volcan en éruption, ce n’était pas l’idée du siècle ?). Richard Madden incarne parfaitement ce jeune homme à la tête pleine de rêves et au coeur épris, physique avantageux et front soucieux de convenance.
Rebecca Hall est, à mes yeux, la révélation d’Une promesse. Elle y est tour à tour rayonnante, pleine de fantaisie, joyeuse ou d’une tristesse insondable, une grande comédienne. Quant au choix d’Alan Rickman pour incarner ce mari (dés)abusé, on ne pourra que s’en féliciter. Il y est impeccable, jeu facétieux ou tout en économie, voix de baryton qui s’impose.
Loin du film expérimental qui nous culbuterait par son audace, Une promesse tient tout juste celle que l’on était en droit d’attendre.
Replonger dans une époque où deux mains qui se frôlent sur une rampe d’escalier et manquent de faire tomber leurs propriétaires en pâmoison, où une cheville aperçue sous une robe est un comble d’érotisme, risquera d’en faire sourire certains. Les autres se diront que l’exercice a un charme certain. Et ils auront bien raison.
En vous remerciant.