L’ensemble Unité, qui réunit vingt-cinq chanteurs dirigés depuis sa création en 1999 par son fondateur Christian Nadalet, se produit régulièrement dans la région toulousaine. L’un de ses choristes, Christian Ring, musicologue et agrégé de musique, a attiré l’attention de Christian Nadalet sur l’existence d’une version pour piano à quatre mains, solistes et chœur du fameux Requiem de Mozart. C’est cette version rare, signée Carl Czerny, qui sera donnée le 22 mars prochain à 20 h 30 en l’église de la Daurade.
Le Requiem de Mozart fait partie de ces œuvres qui traversent le temps, laissant à chaque époque une trace et des influences sur la pensée musicale du moment. Les circonstances mystérieuses qui ont présidé à sa commande auprès du compositeur déjà malade ont participé à la légende selon laquelle Mozart composa là son propre Requiem. Dès les années qui suivirent la mort du compositeur, la diffusion de cette messe des morts trouva un essor considérable. Très vite apparut le besoin de mettre à la disposition d’un plus large public des versions de l’œuvre ne nécessitant pas le recours à l’orchestre. La transcription pour piano répondait de façon évidente à ce besoin : le piano, présent dans toutes les familles de l’aristocratie et de la bourgeoisie, était l’instrument roi du XIXe siècle. Élève de Beethoven, professeur de Liszt, Carl Czerny était à la fois un interprète reconnu, un éminent pédagogue du piano (dont les méthodes sont encore utilisées de nos jours) et un compositeur de grande qualité. Rien d’étonnant donc à ce qu’il ait été choisi par Maximilien Stadler, alors responsable des Archives musicales impériales à Vienne, pour réaliser, en 1820, la transcription pour piano à quatre mains d’une des œuvres les plus célèbres du répertoire. L’étonnement provient plutôt du fait que cette partition ait pu rester méconnue aussi longtemps…
La transcription était certes connue des spécialistes, mais pratiquement jamais interprétée. Czerny, pianiste de renom, a apporté toute sa science de l’instrument à la composition de cette partition, qui offre un regard entièrement nouveau sur une œuvre si médiatique. La lumineuse beauté de la partie vocale y est mise en valeur d’une manière particulièrement émouvante, et évoque, en regard de la complexe partie de piano, des couleurs au romantisme troublant. Baroque pour les uns, préromantique pour les autres, Mozart est, à n’en pas douter, à la charnière du passé et de la modernité universelle.
Enthousiasmé par cette découverte, le chœur Unité en a déjà donné plusieurs présentations : en juin 2011 à Auch et Condom, puis dans la salle l‘Astrada de Marciac ; en juillet 2012 pour le Festival des rencontres musicales de Savoie à Albertville et La Rochette. Cette version sera donc présentée à Toulouse pour la première fois ce 22 mars prochain. Éloise Urbain et Fabrice Benhamou, complices au clavier et orfèvres de la fusion entre texture vocale et couleur instrumentale, rejoignent l’ensemble vocal Unité pour cette représentation inédite du Requiem. Les parties solistes seront assurées par un quatuor de chanteurs issus de Midi-Pyrénées : Elena Poesina, soprano, Christine Labadens, mezzo, Pierre-Emmanuel Roubet, ténor, Jean-Manuel Candenot, basse.
Serge Chauzy
Une Chronique de Classic Toulouse
Eglise de la Daurade, le samedi 22 mars 2014, à 20 h 30. (Église chauffée)
Réservations et renseignements : ensemblevocalunite.com
Contact : Christian Nadalet au 06 08 49 24 03.