« La Belle et la Bête » un film de Christophe Gans
Ce réalisateur serait-il l’homme d’un film, d’un chef d’œuvre certes, en l’occurrence son premier long, Crying Freeman (1995) ? Si l’on considère la suite de sa courte filmographie, on serait tenté de le croire, malgré son Pacte des Loups (2001). En effet, son dernier opus est d’une banalité surprenante. Entendons-nous bien, un film ne peut reposer exclusivement sur des décors et des costumes. Ici ils sont somptueux ! Le film annonce un budget de 45 millions d’€. Il y a aussi et a minima un scénario, un montage et des comédiens. Côté scénario, ce serait le point fort en cela qu’il adapte plus complètement que Jean Cocteau (1946) le roman paru en 1740 et signé par Madame de Villeneuve. Soit. Ensuite il y a les comédiens et là, pardonnez-moi, mais on tombe par terre. Déjà que la petite-fille de Jérôme Seydoux (patron de Pathé) et du coup petite-nièce de Nicolas Seydoux (patron de Gaumont), j’ai nommé Léa Seydoux (Belle), ne brille jamais par une aura spectaculaire, ici elle est du niveau première année, si ce n’est semaine, du Conservatoire. Il faut dire que le dialogue à deux balles que le film lui réserve l’a certainement moins inspiré que le personnage d’Emma dans La vie d’Adèle. Des raccourcis meurtriers dans l’évolution de ses sentiments par rapport à la Bête ajoutent à l’inconsistance de son personnage transformé ici en mannequin pour robes Renaissance. Citons pour mémoire Vincent Cassel jouant les utilités dans la Bête. Il n’y a qu’à écouter le peu d’intention qu’il met dans ses dialogues pour comprendre combien ce rôle, dont Jean Marais a fait une création inoubliable, l’a bien peu concerné. Bon, d’accord, il y a de beaux effets spéciaux. Mais si vous êtes cinéphile rien que pour ça, autant vous conseiller d’aller voir des films comme Pacific Rim ! Une dixième adaptation est en préparation, signée Guillermo del Toro avec Emma Watson (Belle). La comparaison va être violente !
Robert Pénavayre