Prenez le premier, Don Quichotte du Trocadéro. C’est un hommage loufoque et généreux au personnage rocambolesque de l’œuvre du poète espagnol associé au ballet classique de Marius Petipa revisité.
« Cette œuvre est née d’une conversation amicale et passionnée avec Patrice Thibaud sur les différences et les similitudes entre le burlesque de geste et la danse. Très vite est né le désir de confronter ces deux pratiques dans une même pièce. La perspective de cette collaboration m’enchantait. La question qui s’est posée ensuite a été de trouver une œuvre suffisamment souple, ouverte mais aussi solide. Don Quichotte nous est apparu comme une évidence ; peut-être notre double culture espagnole et française n’y était pas pour rien. » José Montalvo.
Impressionné par la rigueur, l’engagement, la haute virtuosité de la danse tout autant que par son extrême fragilité, Patrice Thibaud est aussi surpris par sa liberté d’interprétation. « Il suffit d’un thème, d’un prétexte pour créer. Le théâtre construit un récit, la danse est beaucoup plus libre. »
Sur des musiques de Léon Minkus et de Sayem, dit le Petit Prince de l’électro, treize talentueux danseurs occupent la scène, danseurs issus d’horizons variés, hip-hop, traditionnels, contemporains et classiques, tous animés de cette énergie joyeuse et flamboyante. Le Don Quichotte du roman de Cervantès, le chevalier errant, c’est le mime Patrice Thibaud, as de la pantomime, le trapéziste du rire, qui évolue dans un univers urbain et décalé entre moulins à vent et rames de métro. Un spectacle de soixante-dix minutes dû à tout le talent de José Montalvo à la fois chorégraphe, scénographe et concepteur des vidéos rencontrées complètement surréalistes. Un spectacle confrontant la danse et le comique de gestes, mais une sorte de commedia dell’arte du…XXIè siècle.
C’est à la dernière interprétation du Don Quichotte par Mikhail Baryshnikov que le chorégraphe s’est attaché, choisissant de garder, pour son côté pétillant, la partition de Léon Minkus avec ses thèmes hispanisants et de revisiter certaines séquences de la chorégraphie de Marius Petipa créée en 1869. Mais la vision de l’Espagne du siècle d’or donnée par des artistes d’Europe de l’Est du XIXe ne peut être la sienne, celle d’un artiste d’aujourd’hui d’origine espagnole. Créer l’espace pour trouver de nouveaux mouvements est l’un des grands défis du chorégraphe et de ses interprètes. Et cette relecture de la pièce, la liberté prise avec ses différents éléments, la musique, l’argument, la danse, contribuent à la recherche du chorégraphe : « tenter de créer de nouvelles formes d’expression artistique qui naissent du métissage. » Pari réussi.
Michel Grialou
Odyssud Blagnac
vendredi 14 février à 20h30
samedi 15 février à 20h30
dimanche 16 février à 15h00
montalvo don quichotte from Odyssud on Vimeo.