« Le vent se lève », un film de Hayao Miyazaki
Il le dit et le proclame haut et fort, ce onzième opus est bien son dernier. Âgé aujourd’hui de 72 ans, le génial Miyazaki veut à présent se consacrer à des formats plus courts. Et pour tirer sa révérence, il nous propose un long assez déroutant dans son scénario. Lui qui a toujours illustré des mondes oniriques, magiques, enchantés, met en scène cette fois un biopic, largement romancé certes, mais tout de même. C’est celui d’un héros japonais, ingénieur aéronautique : Jiro Horikoshi (1903-1982), concepteur de plusieurs modèles d’avions de chasse dont le tristement célèbre Zero, cheval de bataille au sens propre du terme des kamikazes qui détruisirent la flotte américaine de Pearl Harbour… Le problème n’étant pas ici le débat sur le pourquoi et le comment, Miyazaki fond la vie de cet ingénieur avec l’œuvre principale du poète japonais Tatsui Hori (1904-1953) : « Le Vent se lève », une œuvre qui donne non seulement le titre à ce film mais lui permet également d’inclure un élément hautement romanesque avec l’histoire de cette jeune femme qui succombera à une épidémie de tuberculose. Se situant dans la première moitié du siècle dernier, ce film retrace quelques évènements majeurs survenus au Pays du Soleil-Levant : séisme de Kanto (1923, 150 000 morts), incendie de Tokyo, Grande dépression, entrée en guerre du Japon. C’est aussi un portrait sans complaisance de la société japonaise de ces temps-là. Clairement pas destiné aux enfants, ce film porte malgré tout le sceau magique du peintre-cinéaste, cette légèreté de trait, ces couleurs vertigineuses et cette acuité dans le dessin qui nous plongent quasi immédiatement dans un réalisme aussi surprenant qu’infaillible. A voir absolument !
Robert Pénavayre