Deux artistes d’exception sont les invités de la saison des Arts Renaissants, la violoniste Amandine Beyer et le claveciniste Pierre Hantaï, tous deux experts dans l’interprétation du répertoire baroque. Le 22 janvier prochain, ils viennent à Toulouse livrer leur vision de cinq des sonates composées par Johann Sebastian Bach pour leurs deux instruments. Ces deux grands musiciens partagent depuis longtemps une grande complicité artistique. La rigueur architecturale et la subtilité des phrasés du claveciniste, l’intensité pudique du chant de la violoniste, la perfection technique de leur jeu font d’eux des interprètes de référence de cette littérature.
Le premier instrument d’Amandine Beyer est la flûte à bec : ce n’est qu’après quelques années qu’elle commence le violon, dans la classe d’Aurélia Spadaro à Aix-en-Provence. C’est peut-être pour cette raison qu’après avoir terminé ses études de “violon moderne” au CNSM de Paris et avoir écrit une maîtrise sur Karlheinz Stockhausen, elle retrouve le chemin de la musique ancienne en partant étudier à Bâle auprès de Chiara Banchini. Cette période décisive dans sa formation, lui permet de découvrir le monde de l’interprétation rhétorique, et de profiter du contact de personnalités telles que Hopkinson Smith, Christophe Coin, Pedro Memelsdorff (elle a joué plusieurs années dans l’ensemble médiéval Mala Punica), Jean Tubéry et Alfredo Bernardini…
Toutes ces expériences lui ont permis de se former en tant que musicienne et interprète, et l’ont incitée à se lancer dans la carrière de violoniste itinérante, donnant de nombreux concerts dans le monde entier. Elle partage en outre son activité entre les différents groupes auxquels elle participe : L’Assemblée des Honnestes Curieux, Les Cornets Noirs, Le Concert Français, le duo avec Pierre Hantaï et le dernier-né de la liste Gli Incogniti.
Pierre Hantaï se passionne pour la musique de Bach dès sa dixième année. Sous l’influence de Gustav Leonhardt, il commence à étudier le clavecin, d’abord seul, puis sous la direction d’Arthur Haas. Très tôt, il donne ses premiers concerts, seul ou avec ses frères Marc et Jérôme.
Il étudie alors deux années à Amsterdam auprès de Gustav Leonhardt, qui l’invite par la suite à jouer sous sa direction. Les années qui suivent le voient collaborer avec de nombreux musiciens et chefs d’ensemble, comme Philippe Herreweghe, les frères Kuijken, François Fernandez, Marc Minkowski, Philippe Pierlot.
Désormais, il joue le plus souvent en soliste à travers le monde. Il est souvent invité par Jordi Savall et il aime également retrouver ses frères et ses amis, Amandine Beyer, Hugo Reyne, Sébastien Marq, Skip Sempé, Olivier Fortin ou Jean-Guihen Queyras, pour faire de la musique de chambre. Il a récemment reconstitué l’ensemble qu’il avait fondé dans les années 1980, Le Concert Français, dans le but d’interpréter les Suites, Concertos et Cantates de Bach.
Johann Sebastian Bach a composé six sonates pour violon et clavecin obligé. A sa mort, elles ont été réunies dans un recueil et numérotées de BWV 1014 à 1019 par Johann Christoph Altnikol, gendre du compositeur et auteur probable de la première copie manuscrite qui précise que la partie de basse peut-être doublée par une viole de gambe. Quatre de ces six sonates (les BWV 15, 16, 17 et 19) constituent l’essentiel du programme, celui-ci étant complété par la sonate BWV 1023 pour violon et basse continue, dans laquelle le clavecin réalise cette basse continue.
Serge Chauzy
Une Chronique de Classic Toulouse
Salon Rouge – Musée des Augustins
mercredi 22 janvier 2014